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Dopage : l'AMA exclut la Russie des Jeux olympiques pour quatre ans

Le porte-parole de l'agence mondiale antidopage a annoncé que la Russie était exclue durant quatre ans des Jeux olympiques, sur base d'accusations de «dopage d'Etat» que Moscou dément fermement. Les autorités russes ont 21 jours pour faire appel.

Lundi 9 décembre

La Russie reste fidèle à ses engagements quant à l’organisation de tournois sur son territoire, a fait savoir le ministre russe des Sports Pavel Kolobkov.

Les problèmes liés au dopage ont toujours été présents dans le sport russe, a-t-il fait valoir : «Nous avons dit à plusieurs reprises qu’en fait, ces problèmes avaient toujours existé, et qu’il y avait des problèmes dans l’athlétisme, des problèmes très graves. C’est pourquoi nous avons dû réformer toute le Fédération [d’athlétisme]».

A la question de savoir si la décision de l’AMA pouvait être considérée comme politique, Pavel Kolobkov a répondu que «parfois il avait de telles pensées». Pavel Kolobkov a appelé à exclure toute responsabilité collective pour le dopage et à punir des athlètes et des entraîneurs en particulier, reconnus coupables de dopage.

Pavel Kolobkov a noté que certains points dans la liste des sanctions du comité exécutif de l’AMA contre la Russie contredisaient la Charte du CIO : «Pour nous, le document principal est la Charte olympique, sur la base de laquelle les règlements des fédérations sont élaborés. C’est une sorte d’une relique sportive. Aujourd’hui, le code de l’AMA devient plus important que des documents sportifs fondamentaux, comme la Charte.»

Le président du Comité olympique russe, Stanislav Pozdniakov, s’est déclaré déçu par la décision de l’AMA de suspendre la Russie des compétitions sportives pour quatre ans. «Nous sommes déçus», a déclaré Stanislav Pozdniakov en soulignant qu’une telle décision «était prévisible».

«Nous sommes également catégoriquement opposés à l’ensemble d'exigences à caractère restrictif qui a aujourd’hui été approuvé par le comité exécutif de l’AMA à l’encontre des athlètes russes propres. Ces prescriptions, en dehors d’une tendance punitive et humiliante à l’égard des athlètes propres, ne vont pas en aucun cas contribuer au rétablissement du statut de l'agence antidopage russe», a déclaré Stanislav Pozdniakov aux journalistes le 9 décembre.

Le transfert des championnats du monde de hockey sur glace prévus en Russie n’est pas possible, a déclaré la Fédération internationale de hockey sur glace, qui prévoit d’organiser ses tournois en Russie malgré la décision du comité exécutif de l’AMA.

Les athlètes russes ne pourront pas participer aux Jeux olympiques en tant qu’«athlètes olympiques de Russie», a déclaré le président du Comité indépendant de révision de la conformité (CRC) de l’AMA, Jonathan Taylor, le 9 décembre, après la décision de l’AMA d’exclure la Russie des Jeux olympiques durant quatre ans. 

«Ce sont des athlètes neutres, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas représentants d’un pays quelconque, ce ne sont pas des représentants de la Russie», a annoncé Jonathan Taylor lors de la conférence de presse de l’AMA en réponse à une question.

Les sportifs russes ont participé aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 avec le statut d’«athlètes olympiques de Russie» (OAR) sous une bannière neutre. L’hymne russe a également été banni des JO 2018.

Jonathan Taylor, président du Comité indépendant de révision de la conformité (CRC) de l’AMA, a évoqué le cas de la Coupe du monde de football 2022 lors de la conférence de presse de l'agence.
«Si [la Russie] se qualifie, aucune équipe représentant la Russie ne pourra pas participer [à la Coupe du monde]. Mais si un mécanisme est mis en place, alors [les joueurs] pourront demander à participer sur une base neutre, pas en tant que représentants de la Russie», a-t-il expliqué, cité par Reuters. 

Il a ajouté que cette décision revenait à la fédération organisatrice de la Coupe du monde : «Ce sera à la FIFA d'implémenter [un tel mécanisme], mais ils devront le faire en conjonction avec l'AMA. Mais il n'y aura ni drapeau, ni hymne.»

La FIFA n'a pas encore réagi sur ce point. Elle a néanmoins confirmé que la participation de la Russie à l'Euro 2020 n'était pas remise en question puisque les sanctions de l'AMA ne concernent que les compétitions à l'échelle mondiale.

Les sanctions de l'AMA témoignent d'une «hystérie antirusse» selon Dmitri Medvedev, Premier ministre russe.

«Toutes ces décisions se répètent contre des sportifs qui ont déjà été punis [...] ce qui fait penser à la poursuite d'une hystérie antirusse devenue chronique», a déclaré Dmitri Medvedev, cité par les agences russes, souhaitant que les instances sportives compétentes fassent appel de la décision de l'AMA.

Dans sa décision, l'AMA n'a pas précisé quelles compétitions précisément étaient visées. Toutefois, si les sanctions s'appliquent bien aux compétitions mondiales, la Russie devrait être bannie de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. La FIFA n'accepte en effet pas le concours d'équipes sous bannière neutre.

Néanmoins, l'organisation cherche à clarifier la situation. Contacté par RT France, un membre du service de presse de la FIFA a commenté : «La FIFA a pris note de la décision prise aujourd'hui par le Comité exécutif de l'AMA. La FIFA est en contact avec l'AMA et l'ASOIF (Association des fédérations internationales des sports olympiques d'été) pour clarifier la portée de cette décision en ce qui concerne le football.»

Le 9 décembre, l'agence mondiale antidopage (AMA) a annoncé que la Russie était écartée pendant quatre ans, des événements sportifs planétaires. Réuni à Lausanne, le Comité exécutif de l'AMA a ainsi approuvé la recommandation émise le 25 novembre par le comité de révision de la conformité (CRC). Le CRC accuse la Russie de falsification des données de laboratoire transmises aux enquêteurs de l'Agence. De son côté, Moscou a toujours fermement démenti toute accusation de «dopage d'Etat». 

Dans un premier temps, la première vice-présidente de la commission des Affaires étrangères de la Douma d’Etat, Svetlana Jourova a affirmé que la Russie ferait appel de la décision de l’AMA auprès du Tribunal arbitral du sport basé à Lausanne. Mais le patron de l'agence antidopage Rusada, Iouri Ganous, a par la suite affirmé à l'AFP que le conseil de surveillance de l'agence russe antidopage (Rusada) déciderait, lors d'une réunion le 19 décembre, de faire ou non appel. «Il n'y a aucune chance de gagner devant un tribunal», a-t-il ajouté. Il a en outre qualifié la décision de l'AMA de «tragédie» pour les sportifs propres.

Le vice-président de la Douma, Igor Lebedev, a de son côté déclaré que la décision de l’AMA sur l'agence russe antidopage (Rusada) était un coup dur pour le sport russe et qu’une réaction énergique de la part des autorités russes s'imposait. Le sénateur, Andreï Klimov, a de son côté appelé à «s’occuper» des fonctionnaires qui étaient responsables de la politique antidopage et qui ont permis à l’AMA d’utiliser leur erreur comme prétexte pour mener la campagne contre la Russie.

La Russie dans le viseur

Conséquence de la décision de l'AMA : aucun Russe ne sera autorisé sur les théâtres des compétitions sportives mondiales durant cette période sous ses couleurs nationales et la Russie ne pourra plus candidater à l'attribution d'événements sportifs internationaux, jeux olympiques compris, durant cette période.

La décision de l'AMA peut être contestée dans un délai de 21 jours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), par l'agence nationale antidopage Rusada, ou par le Comité olympique russe (ROC) ou toute fédération internationale qui serait concernée.

Concrètement, la Russie ne pourra pas participer aux prochains Jeux olympiques (JO) d'été et d'hiver, aux JO de la jeunesse et aux Jeux paralympiques.

Les championnats d'Europe, y compris l'Euro 2020 et la
finale de la Ligue des champions qui doit avoir lieu à Saint-Pétersbourg, ne sont a priori pas concernés par la décision de l'AMA.

Plusieurs compétitions sont toutefois sous la menace, mais des décisions devront être prises par diverses instances. Ainsi, par exemple, la participation de la Russie à la Coupe du monde de football doit fait l'objet d'une décision individuelle de la FIFA.

En outre, les sportifs russes ne pourront participer aux compétitions sportives planétaires sanctionnées par la décision de l'AMA que lorsqu'ils seraient «en mesure de démontrer qu'ils ne sont impliqués en aucune manière» dans l'affaire incriminée. Mais dans ce cas de figure, ils ne seraient néanmoins pas autorisés à concourir sous leurs couleurs nationales. 

Mise en cause en raison de scandales liés à de présumés cas de dopage institutionnel, la Russie avait déjà été exclue de plusieurs compétitions internationales comme lors des derniers JO d’hiver, en 2018, à Pyeongchang, en Corée du Sud, durant lesquels seulement quelques athlètes russes avaient pu participer aux épreuves, sous pavillon olympique. 

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