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Moscou et Washington s'entendent pour faire interdire deux produits chimiques par l'OIAC

Etats-Unis et Russie «n'ont pas oublié comment négocier» : l'envoyé de Moscou auprès de l'OIAC s'est félicité du terrain d'entente trouvé pour ajouter le Novitchok et un agent neurotoxique fabriqué par l'OTAN sur la liste des produits interdits.

Pour la première fois de son histoire, l'annexe concernant les produits de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques a été amendée avec l'ajout de deux nouveaux produits. Ces deux ajouts, votés à l'unanimité des membres de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), font suite à deux propositions distinctes.

La première, portée conjointement par les Etats-Unis, le Canada et les Pays-Bas, vise le Novitchok, terme générique définissant les agents innervant développés sous l'ère soviétique – mais dont la formule est connue de plusieurs pays – utilisés dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille. La seconde, présentée par la Russie, vise un agent neurotoxique conçu dans les laboratoires secrets de l’OTAN pendant la guerre froide. «Les deux décisions adoptées reflètent des propositions soumises dans le contexte de la menace croissante que représentent les armes chimiques et de leur utilisation récente, qui imposent à l’OIAC de s'adapter en permanence», a commenté l'Organisation.

La Russie et les Etats-Unis ont fini par montrer que nos délégations n'avaient pas oublié comment négocier

Alexander Choulguine, l'envoyé russe auprès de l'OIAC, s'est félicité de ces décisions à plusieurs égards. «Résoudre le problème concernant les listes est une chose positive», a-t-il réagi, avant de souligner qu'il s'agissait du résultat des discussions entreprises entre Washington et Moscou. «La Russie et les Etats-Unis ont fini par montrer que nos délégations n'avaient pas oublié comment négocier», a-t-il insisté.

Le diplomate a ajouté que la famille d'agents neurotoxiques de l'OTAN en question comprenait des produits chimiques fabriqués par les Etats-Unis dans les années 1970 et 1980. Les substances dangereuses «auraient dû être signalées à ce moment-là mais cela n'avait pas été fait», a-t-il déploré.

La Russie avait suggéré dès 2018 d'ajouter plusieurs produits chimiques fabriqués en Occident à la liste de la Convention mais cette proposition avait été rejetée. En réponse, trois pays, les Etats-Unis, le Canada et les Pays-Bas, avaient souhaité y inclure le Novitchok. L'OIAC avait alors validé cette seconde proposition en septembre, mais Moscou, n'ayant pas obtenu gain de cause de son côté, y avait mis son véto. Une impasse diplomatique qui vient donc de prendre fin.

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