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Le président turc juge qu'Emmanuel Macron est «en état de mort cérébrale»

Emmanuel Macron s'est attiré les foudres de la Turquie : jugé «en état de mort cérébrale» par son président, il est d'autre part accusé de «parrainer le terrorisme» en Syrie par son ministre des Affaires étrangères.

Les relations diplomatiques entre la France et la Turquie, déjà très tendues, notamment depuis l’offensive turque contre les Kurdes en Syrie en octobre, et les propos controversés du président français Emmanuel Macron sur l’état de «mort cérébrale de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord]», se sont de nouveau détériorées les 28 et 29 novembre.

En effet, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en est violemment pris au chef d’Etat français, ce 29 novembre, qu’il a jugé en «état de mort cérébrale», à quelques jours du sommet des 70 ans de l’OTAN, les 3 et 4 décembre. La veille, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, avait accusé le président français de «parrainer le terrorisme» en Syrie, à la suite de l'entretien d'Emmanuel Macron avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, le 28 novembre à Paris.

En réponse à ce que l'Elysée a qualifié d'«insultes» dans un communiqué en date du 29 novembre et cité par l'AFP, l'ambassadeur de Turquie en France doit être convoqué au ministère des Affaires étrangères «pour s'expliquer». 

«En état de mort cérébrale»

Reprenant les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’OTAN, Recep Tayyip Erdogan a ainsi déclaré lors d’un discours à Istanbul, ses propos ayant été rapportés par l’AFP : «Je m’adresse depuis la Turquie au président français Emmanuel Macron, et je le redirai à l’OTAN. Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale.» Et d’insister : «Ces déclarations [sur l’OTAN] ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale.»

Lorsqu’il s’agit de fanfaronner, tu sais très bien le faire

«Personne ne fait attention à toi. Tu as encore un côté amateur, commence par remédier à cela», a fulminé Recep Tayyip Erdogan. Avant de lancer : «Lorsqu’il s’agit de fanfaronner, tu sais très bien le faire. Mais lorsqu’il s’agit de verser à l’OTAN l’argent que tu lui dois, c’est autre chose.»

Il ne sait pas ce qu’est la lutte antiterroriste, c’est pour cela que les Gilets jaunes ont envahi la France

«Il [Emmanuel Macron] est tellement inexpérimenté ! Il ne sait pas ce qu’est la lutte antiterroriste, c’est pour cela que les Gilets jaunes ont envahi la France», s’est-il exclamé. «Gesticulez autant que vous voudrez, vous finirez par reconnaître le bien-fondé de notre lutte contre le terrorisme», a-t-il encore martelé.

Des critiques balayées d’un revers de main

Les déclarations du président français avaient déjà suscité l’ire du chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, le 28 novembre, qui les avait balayées d’un revers de main, allant même jusqu'à accuser le chef d'Etat français de «parrainer le terrorisme».

«De toute façon, il [Emmanuel Macron] est un parrain de l’organisation terroriste, il les [Forces démocratiques syriennes] reçoit régulièrement à l’Elysée», a vilipendé le ministre turc des Affaires étrangères, dont les propos, cités par l’agence de presse turque Anadolu, ont été repris par l’AFP. «Que Macron n’oublie pas […], la Turquie est elle aussi membre de l’OTAN. Qu’il se tienne aux côtés de ses alliés», a-t-il insisté.

«J’assume totalement d’avoir levé les ambiguïtés»

Ces propos véhéments interviennent après la rencontre entre Emmanuel Macron et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, tenue le 28 novembre à l’Elysée. Le chef d’Etat français est notamment revenu sur ses critiques de l’Alliance atlantique et a maintenu ses propos controversés sur l’état de «mort cérébrale de l’OTAN». «J’assume totalement d’avoir levé les ambiguïtés», a-t-il déclaré au cours de la rencontre.

Le président français avait également appelé le bloc militaire à se concentrer sur les enjeux stratégiques, en particulier la lutte contre le terrorisme. Aucune des questions stratégiques sur «la paix en Europe, la relation [de l’OTAN] avec la Russie, le sujet de la Turquie» ou sur «qui est l’ennemi» de l’Alliance atlantique, ne sont «résolues», selon Emmanuel Macron. Avant d’ajouter : «Il fallait peut-être [un sursaut]. Il a été donné et je me félicite que la priorité est plutôt de réfléchir à nos finalités et nos objectifs stratégiques».

Le président français est ensuite revenu sur l’offensive unilatérale turque, pourtant membre de l'OTAN, dans le nord de la Syrie du 9 au 22 octobre, contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG) − la branche armée du Parti de l'union démocratique syrien (PYD), considérée comme terroriste par Ankara mais soutenue par les pays occidentaux, dont la France, dansa sa lutte contre l’Etat islamique. Il a ainsi déclaré qu’Ankara avait mis «ses alliés devant le fait accompli» et mis «en péril l’action de la coalition contre Daech dont l’OTAN».

Les remarques de Recep Tayyip Erdogan à l’égard d’Emmanuel Macron renforcent non seulement les tensions entre la France et la Turquie, mais également entre la Turquie et l’OTAN. A l'occasion du 70e anniversaire de l'Alliance atlantique, la prochaine rencontre des pays membres de l’OTAN, qui se tiendra les 3 et 4 décembre 2019 à Londres, s'annonce électrique. 

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