Michael Bloomberg a annoncé, le 24 novembre, sa candidature à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine de 2020. L'homme de 77 ans arrive tard dans une bataille pour l'investiture démocrate qui compte déjà 17 candidats, dont trois autres septuagénaires et un milliardaire, Tom Steyer.
Il espère que sa fortune – il est, selon Forbes, le neuvième homme le plus riche du monde – lui permettra de rattraper le groupe des favoris, dont les sénateurs Bernie Sanders, 78 ans, et Elizabeth Warren, 70 ans, deux pourfendeurs des milliardaires et de Wall Street aux idées «extrémistes» selon lui. Pour ce faire, il a lancé une campagne de publicités télévisées pour un montant record de 31 millions de dollars, jugée d'avance anti-démocratique par Bernie Sanders et Elizabeth Warren qui l'ont accusé de chercher à «acheter» l'élection présidentielle.
Ancien soutien d’Hillary Clinton
Défier Donald Trump, cet autre milliardaire new-yorkais qu’il a fréquenté et parfois complimenté quand il était maire avant de le répudier dès lors qu'il s'est lancé en politique, Michael Bloomberg y songeait depuis longtemps. «Il représente une menace existentielle pour notre pays et nos valeurs», a-t-il souligné en annonçant formellement sa candidature sur son site. En 2016, il avait déjà caressé l'idée de se présenter comme indépendant. Avant de finalement soutenir Hillary Clinton, de peur de diviser l'électorat démocrate. L'homme d'affaires a longtemps refusé toute étiquette politique : conservateur économiquement mais favorable à l'avortement, aux droits homosexuels et militant contre la dissémination des armes à feu. Pourra-t-il convaincre l'électorat démocrate ?
Il fait valoir ses qualités de gestionnaire, qui en trois mandats de maire ont contribué à revitaliser New York après les attentats du 11 septembre 2001, ou encore sa lutte pour le climat : ambassadeur spécial de l'ONU depuis 2014, il finance les projets de nombreux Etats, comtés et villes américaines pour réduire leurs émissions carbone.
Comme d'autres milliardaires, ce divorcé, père de deux filles et deux fois grand-père, s'est engagé à redistribuer la moitié de sa fortune. Pourtant, beaucoup le voient comme un milliardaire à contre-courant d'un débat démocrate marqué par la volonté de taxer les riches pour corriger de criantes inégalités, ou la nécessité de mobiliser l'électorat noir qui avait manqué à Hillary Clinton.
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Un maire au bilan controversé
Comme maire, Michael Bloomberg, habitué aux jets privés, était déjà accusé d'avoir fait de New York une ville de riches, et de soutenir des pratiques policières discriminatoires à l'égard des minorités.
Il s'est d'ailleurs excusé récemment pour les interpellations et fouilles arbitraires de la police new-yorkaise dont il était jusqu'ici un ardent défenseur au nom de la lutte contre la criminalité. «J'ai eu tort et je suis désolé», a déclaré le milliardaire dans une église majoritairement afro-américaine de Brooklyn. «Notre objectif central était de sauver des vies. Mais les faits sont là : beaucoup trop d'innocents ont été arrêtés et une immense majorité d'entre eux étaient noirs ou latinos».
Né le 14 février 1942 dans une famille juive de la classe moyenne de Boston, il fait de brillantes études d'ingénieur suivies d'un MBA à Harvard. Il entre chez Salomon Brothers en 1966 et s'y hisse au rang d'associé, ce qui lui vaut, lors du rachat de la banque en 1981, un licenciement assorti d'un chèque de départ de 10 millions de dollars.
Il lance alors sa société d'informations financières, Bloomberg LP, fort d'une innovation qui fera son succès: le terminal Bloomberg, où les financiers affichent en quelques clics des informations du monde entier sur une entreprise ou un marché. Le terminal, facturé quelque 20 000 dollars par an, s'imposera dans les salles de marché, où Bloomberg est aujourd'hui leader devant Thomson Reuters.