Lors d’une conférence de presse tenue le 21 novembre, rapportée par l'agence TASS, le président serbe, Alexandar Vucic, a assuré de façon très claire qu’il n’était pas envisageable que la Serbie rejoigne une alliance militaire, que ce soit l’OTAN ou l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective, organisation politico-militaire dont le siège est à Moscou et comprenant plusieurs anciennes républiques soviétiques). Dans le même temps, il a souligné que Belgrade conserverait ses liens avec la Russie : «Nous ne changerons pas notre politique avec la Russie. Nous restons dans des relations fraternelles.»
«La pression est grande sur le pays [et] sur l’industrie de la défense», a-t-il indiqué, réitérant que la Serbie n’allait malgré tout «pas changer de positionnement». Alexandar Vucic a expliqué vouloir se battre pour «maintenir la neutralité militaire» de Belgrade, afin de défendre l'espace aérien et le territoire serbe, ainsi que pour «renforcer les services de renseignement et de contre-espionnage», arguant que le pays n’en sortirait que «plus fort».
Le chef d'Etat a également annoncé qu’il promulguerait, dans les deux prochains mois, un «acte juridique général confirmant la voie de neutralité militaire de la politique intérieure et étrangère» de la république balkanique.
Alexandar Vucic est attendu en Russie le 4 décembre pour y rencontrer son homologue russe. La Serbie demeure le principal allié de la Russie dans les Balkans, Moscou ne reconnaissant pas, par exemple, l’indépendance du Kosovo proclamée, sans l’assentiment de Belgrade, en 2008.
Les relations entre les deux pays sont mises à l'épreuve depuis quelques jours, après la diffusion d'une vidéo semblant montrer un agent russe en train de remettre de l'argent à un homme non identifié en Serbie. Alexandar Vucic a confirmé que des membres des services secrets russes avaient approché, depuis 2017, des responsables militaires serbes, l’un d’eux ayant remis «trois fois» de l’argent à plusieurs sources. Il a indiqué que les services secrets serbes avaient en leur possession la preuve de contacts entre d’«autres membres des services de renseignement russes [et] des membres de structures militaires serbes». Une enquête a été ouverte par les services serbes de renseignement.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté dit espérer que cette affaire ne nuirait pas aux relations «fraternelles» entre les deux pays. «D'abord, nous ne savons rien de cet incident et il faut l'éclaircir», a-t-il déclaré aux journalistes: «Je suis persuadé que les relations entre la Russie et la Serbie ont un caractère particulier, un caractère de partenariat, fraternel, d'alliés, et que rien ne peut les influencer.»
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