Sanaa, la capitale du Yémen, doit actuellement faire face à une pénurie d'eau potable, selon Wafa’a Al-Saidy, chef de mission yéménite de l'ONG Médecins du monde.
«Sanaa est l'une des villes les plus menacées au monde d'une coupure d'eau définitive. Le risque est immense, tous les experts s'accordent à le dire», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Paris.
Envolée des prix et choléra, la pénurie d'eau aggrave les souffrances du Yémen
L'accès à l'eau potable à Sanaa était déjà compliqué avant le déclenchement des hostilités. Cette situation désastreuse est rendue d'autant plus difficile par le doublement de la population de la ville depuis le début du conflit. La guerre au Yémen aurait fait 3,3 millions de déplacés intérieurs depuis 2014, selon Action contre la faim.
«Les ressources en eau diminuent, la demande grimpe», a déclaré Wafa’a Al-Saidy. «Les prix s'envolent», s'alarme-t-elle, faisant également état de «pénuries de carburant».
Selon elle, «la majorité des résidents de Sanaa doivent acheter de l'eau à des fournisseurs privés qui livrent par camions-citernes». A titre d'exemple, elle et sa famille doivent acheter deux citernes par mois, pour l'équivalent de 40 dollars. Une somme considérable dans un pays où le salaire moyen ne s'élevait qu'à 87 dollars par mois en 2016.
Selon l'humanitaire, la pénurie d'eau serait encore plus grave dans les campagnes, où les habitants en sont réduits à creuser des puits pour accéder à une eau insalubre.
Outre une envolée des prix, cette rareté de l'eau serait l'une des causes de l'épidémie de choléra qui frappe le pays, selon Wafa’a Al-Saidy. «Nous organisons des campagnes de prévention du choléra, nous disons aux gens qu'il faut se laver les mains», dit-elle, «ils nous répondent : nous le savons, mais nous n'avons pas d'eau. Alors nous revenons sans cesse dans vos hôpitaux, atteints du choléra». Selon l'OMS, l'épidémie de choléra aurait déjà causé la mort de près de 2500 personnes. L'ONG aurait également rapporté 1,2 millions de cas suspects.
Le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite mène une coalition militaire régionale depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts, et trois millions de déplacés, d'après les Nations unies. Il s'agit de «la pire catastrophe humanitaire actuelle» selon l'ONU.