«Après avoir examiné soigneusement tous les arguments de ce débat juridique, [nous concluons que] l'établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n'est pas en soi contraire au droit international», a déclaré le chef de diplomatie américaine Mike Pompeo, le 18 novemnre. Or, les occupations de territoires palestiniens sont au contraire jugées depuis 1967 illégales par l'ONU et une grande partie de la communauté internationale.
Cette décision pourrait être interprétée comme un coup de pouce au Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahou, qui a proposé d'annexer une partie des colonies de Cisjordanie occupée. Ce dernier a d'ailleurs salué la position exprimée par Washington. «[Cette décision] est le reflet d'une vérité historique – que les juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers en Judée-Samarie [nom biblique utilisé en Israël pour désigner la Cisjordanie occupée]. En fait, nous sommes appelés juifs car nous sommes le peuple de Judée», a-t-il déclaré dans un communiqué.
La vérité, c'est qu'il n'y aura jamais de solution judiciaire au conflit
Sans surprise, l'Autorité palestinienne a dénoncé la déclaration américaine. «[Washington n'est] pas qualifié ou autorisé à annuler des dispositions de droit international et n'a pas le droit de légaliser des colonies israéliennes», a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.
La politique américaine s'appuyait jusqu'ici, au moins théoriquement, sur un avis juridique du département d'Etat remontant à 1978, selon lequel «l'établissement de colonies de population dans ces territoires» n'était «pas conforme au droit international». Mike Pompeo a donc décidé que cet avis était caduc. «La vérité, c'est qu'il n'y aura jamais de solution judiciaire au conflit, et que les débats sur qui a raison et qui a tort au regard du droit international n'apporteront pas la paix», a-t-il estimé, assurant qu'il ne s'agissait ni d'une ingérence dans la politique israélienne, ni d'un feu vert à la colonisation.
Cette décision est avant tout symbolique : si l'ancienne administration démocrate de Barack Obama condamnait la colonisation, le gouvernement républicain de Donald Trump s'était déjà montré, depuis 2017, beaucoup plus souple vis-à-vis de cette question ultrasensible.
L'ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem David Friedman est allé jusqu'à estimer qu'Israël avait «le droit» d'annexer «une partie» de la Cisjordanie occupée. Et Mike Pompeo avait refusé en avril de dire si Washington s'opposerait à une éventuelle annexion des colonies de Cisjordanie par l'Etat hébreu. L'administration Trump avait déjà pris des décisions spectaculaires en rupture avec le consensus international et avec la tradition diplomatique américaine, en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël et l'annexion du Golan syrien par l'Etat hébreu.
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