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«Remarques interventionnistes» : Washington apporte (encore) son soutien aux manifestations en Iran

«Les Etats-Unis sont avec vous» : le message de Mike Pompeo aux manifestants contre la hausse du prix de l'essence en Iran a été qualifié de «remarque interventionniste» par Téhéran. Deux personnes sont mortes dans des violences lors du mouvement.

Les Etats-Unis poursuivent leur stratégie «de pressionmaximale» sur l’Iran : si le dossier du nucléaire iranien demeure au cœur des tensions entre Téhéran et Washington, les Etats-Unis ont également suscité l'ire de la République islamique en exprimant ouvertement leur soutien aux manifestants qui protestent depuis plusieurs jours contre la hausse du prix de l’essence.

Depuis le début du mouvement de protestation le 15 novembre dans plusieurs villes d'Iran, deux morts sont à déplorer dont un policier tué par des émeutiers armés et un civil. Plusieurs axes de circulation ont par ailleurs été bloqués, et des banques ainsi que des édifices publics ont été incendiés. Selon des informations relayées par les agences locales citées par l’AFP, 40 personnes ont pour l’heure été arrêtées à Yazd (centre), et 180 dans la province du Khouzestan (sud-ouest) depuis le début des troubles.

«Les Etats-Unis sont avec vous»

«Comme je l'avais dit au peuple iranien il y a presque un an et demi [lors d'une précédente vague de manifestations en Iran] : les Etats-Unis sont avec vous», a écrit sur Twitter le 16 novembre le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Ce dernier faisait ainsi référence à une déclaration effectuée en juillet 2018 lors d’une allocution à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan qu'il avait alors pris le soin de relayer en persan sur le même réseau social : «Après 40 ans de tyrannie, le fier peuple iranien ne reste pas silencieux devant les exactions de son gouvernement […]. Nous ne resterons pas silencieux non plus. J'ai un message pour le peuple iranien: les Etats-Unis vous entendent. Les Etats-Unis vous soutiennent. Les Etats-Unis sont avec vous.»

Dans le sillage de la déclaration de Mike Pompeo, la Maison Blanche a affirmé le 17 novembre dans un communiqué cité par l'AFP, «soutenir les Iraniens dans leurs manifestations pacifiques contre le régime qui est censé les diriger». Washington a en outre condamné «l'usage de la force et les restrictions de communications» d'un pouvoir qui, selon l’administration Trump, a «abandonné son peuple».

Téhéran condamne des «remarques interventionnistes», Moscou n’écarte pas l’implication de «forces extérieures»

Dans la nuit du 17 au 18 novembre, en réponse à la déclaration de Mike Pompeo, le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné dans un communiqué des remarques «interventionnistes» et «hypocrites» et a estimé dans la foulée qu’elles équivalaient à un «soutien […] à un groupe d'émeutiers».

Une situation sécuritaire qui préoccupe également Moscou : ce 18 novembre, le directeur du deuxième département Asie au ministère russe des Affaires étrangères, Zamir Kaboulov, cité par l'agence RIA Novosti, a dit ne pas écarter l’implication de «forces extérieures» dans la détérioration sécuritaire en Iran. «La situation ici est déjà difficile et tendue : le fait d’augmenter significativement le prix du pétrole a versé de l’huile sur le feu mais des forces extérieures agissent de manière active. Tous les facteurs sont ici présents», a-t-il déclaré.

La mobilisation en Iran fait suite à la décision prise par le gouvernement, le 15 novembre, d’annoncer une hausse du prix du carburant d’au moins 50%. Fixé à 10 000 rials (environ 0,27 centimes d’euros), il s’établira désormais à 15 000 rials (environ 41 centimes d’euros) pour une quantité maximale de 60 litres par habitant. Au-delà, le litre sera facturé 30 000 rials (environ 81 centimes d’euros).

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