Sans surprise, les eurodéputés donnent leur feu vert à Thierry Breton. Malgré les risques de conflits d'intérêts soulevés par certains groupes politiques, ils viennent de valider la candidature de l'ancien ministre et chef d'entreprise pour qu'il devienne commissaire européen au marché unique et au numérique. Cette approbation intervient après l'échec essuyé par la France avec la candidature de Sylvie Goulard.
Le choix de l'ancien PDG d'Atos a été approuvé par le PPE (droite libérale), les libéraux de Renew, le groupe Socialistes et démocrates et les conservateurs d'ECR. La gauche radicale, les écologistes et l'extrême droite, minoritaires, avaient eux demandé que des clarifications supplémentaires lui soient réclamées par écrit.
«J'ai hâte de me mettre au travail pour mettre en œuvre la vision que j'ai développée devant le Parlement européen», a réagi Thierry Breton auprès de l'AFP. La présidence française a salué «une très bonne nouvelle».
Lors de son audition, le premier grand patron de l'histoire de l'UE qui pourrait devenir commissaire européen s'est efforcé d'apaiser les craintes des eurodéputés. Face aux risques de conflits d'intérêts, «il n'y a qu'une seule solution, être radical. Je dis bien radical», a promis l'ancien ministre de l'Economie, dont le large portefeuille économique comprend plusieurs secteurs directement en lien avec son ancienne entreprise. Le candidat français a dit son intention de se récuser sur les sujets qui concerneraient directement Atos, par exemple «des contrats» qui seraient passés avec l'UE.
Mais de manière plus globale, il a exclu de se dessaisir des questions portant sur les secteurs sur lesquels évolue Atos, comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité et les supercalculateurs. «Ce serait une aberration», a-t-il tranché, répétant à plusieurs reprises qu'il serait «commissaire sur l'ensemble du portefeuille». «Peut-être que ça ne vous ne plaira pas. Et bien vous ne voterez pas» en ma faveur, a-t-il dit au socialiste Timo Wölken.
Mélange des genres ?
«Votre nomination est un mélange des genres qui crée de la confusion», lui a lancé l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint, soulignant qu'il existait un «parfait chevauchement» entre les activités d'Atos et son portefeuille de commissaire.
Le député de la gauche radicale (GUE) Manuel Bompard a quant à lui estimé que Thierry Breton était «incapable de garantir que ses activités passées n'influeront pas [sur ses] activités à venir».
«Il y a un certain nombre de flux entre l'entreprise que j'ai dirigée» et ce poste à la Commission, «pas énorme du reste», a reconnu l'intéressé. Mais «le règlement l'a parfaitement prévu», a-t-il ajouté, citant le code de conduite des commissaires européens.
Il a rappelé aux eurodéputés qu'il avait déjà vendu la totalité de ses actions – pour un montant de 45 millions d'euros, selon les documents de l'Autorité des marchés financiers (AMF) – et démissionné des mandats qu'il exerçait dans divers conseils d'administration. «Je n'ai plus aucun intérêt dans les entreprises que j'ai dirigées. Zéro. Zéro !», a-t-il martelé.
Moins attaqué que Sylvie Goulard
Le Français a été globalement moins attaqué sur la question des conflits d'intérêts que le premier choix d'Emmanuel Macron pour la Commission, Sylvie Goulard, écartée début octobre pour des raisons éthiques. Les eurodéputés dénonçaient le fait que la Française se présente devant eux pour devenir commissaire alors qu'elle avait démissionné du gouvernement français en raison de l'affaire des emplois présumés fictifs de son ancien parti, le Modem.
Outre Thierry Breton, la commissaire roumaine Adina Valean, également auditionnée ce 14 novembre, a été approuvée aux Transports. En revanche, le commissaire hongrois, Oliver Varhelyi, devra lui répondre à des questions supplémentaires avant de prendre en charge le portefeuille de l'Elargissement.
Ces auditions constituaient les derniers obstacles à franchir pour la prochaine présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui peine à mettre en place son équipe.
L'Allemande semble désormais en bonne position pour remplir l'objectif d'une prise de fonctions, déjà retardée d'un mois, le 1er décembre.
Thierry Breton postule pour un très vaste portefeuille comprenant la politique industrielle, le marché intérieur, le numérique, la défense et l'espace. Dans ce contexte, il a jugé urgent de «préparer la croissance de demain en investissant» dans les technologies de l'avenir, comme la 5G, la 6G, l'intelligence artificielle, les véhicules autonomes et les batteries électriques. Il a dit comprendre «la crainte des technologies concernant leur impact social» et promis de «ne laisser jamais personne au bord du chemin».
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