Le 13 novembre, le président américain Donald Trump a reçu son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à la Maison Blanche dans un contexte pour le moins tendu entre les deux pays. Pourtant au cours d’une conférence de presse commune, Donald Trump a insisté sur sa bonne entente avec le président turc, évitant soigneusement d’aborder les sujets préoccupants voire déplaisants.
«Je suis un grand fan du président [Recep Tayyip Erdogan]», a ainsi lancé le chef d'Etat américain, assurant sur le même ton qu'ils étaient «amis depuis longtemps». Tout en se gardant de revenir d'une part sur ses menaces d'oblitérer l'économie turque «si [leurs] dirigeants poursuivent dans cette voie dangereuse et destructrice», suite au retrait des troupes américaines de Syrie. D'autre part, sur sa lettre fort peu diplomatique adressée au chef d'Etat turc qui se concluait par ces mots: «Ne jouez pas au dur ! Ne faites pas l'idiot !»
Ne jouez pas au dur ! Ne faites pas l'idiot !
Ainsi, Donald Trump s'est contenté de se féliciter que «le cessez-le feu [devant être observé par la Turquie dans le nord-syrien] continue à tenir». Sans jamais glisser un mot sur l’achat par la Turquie de systèmes de missiles antiaériens S-400 à la Russie, véritable pierre d'achoppement entre les deux alliés de l'OTAN.
De son côté, Recep Tayyip Erdogan était sur la même onde. Il a évité d'évoquer la surprenante missive de Donald Trump, expliquant laconiquement l'avoir rendue à son auteur, sans s'attarder sur son contenu. Il n'a en revanche pu s'empêcher d'exprimer son mécontentement suite au vote fin octobre d'un texte par la Chambre des représentants des Etats-Unis, qualifiant de «génocide» le massacre de centaines de milliers d'Arméniens par l'Empire ottoman. Affirmant que cette initiative avait «profondément blessé la nation turque», il a estimé que cela risquait de nuire aux relations entre Ankara et Washington.
Front commun contre Macron
Les deux dirigeants ont préféré insister sur un sujet qui les rassemble : la critique des propos d'Emmanuel Macron sur l'OTAN, qui avait alors jugé l'Alliance atlantique en état de «mort cérébrale» dans le cadre d’un entretien accordé au magazine The Economistautant en raison du désengagement américain vis-à-vis de ses alliés de l'alliance atlantique que du comportement de la Turquie.
Cette assertion du président français n’a pas laissé indifférent Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan. «Je pense que le président [turc] n’a vraiment pas apprécié […] et je pense que beaucoup d’autres gens ont eu la même réaction», a attesté le président américain. Le président turc a quant à lui qualifié d’«inacceptable[s]» les propos d’Emmanuel Macron.
Le chef d'Etat français, qui s'interrogeait en particulier sur l'avenir de l'article 5 du traité atlantique – qui prévoit une solidarité militaire entre membres de l'Alliance si l'un d'entre eux est attaqué – aura au moins réussi à faire consensus sur un point au sein de l'Alliance...