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Ingérence ? La Turquie condamne le vote du Sénat français au sujet du voile islamique

La Turquie a annoncé ce 31 octobre qu’elle condamnait la décision du Sénat français visant à interdire le port du voile aux parents accompagnant les sorties scolaires, considérant ce texte comme discriminatoire.

Ce 31 octobre, la Turquie a condamné et qualifié de discriminatoire le texte voté par le Sénat français visant à interdire aux parents accompagnant des sorties scolaires de porter des signes ostentatoires religieux, dont fait partie le voile islamique. Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré que ce texte était «le dernier exemple en date des discriminations et d'une approche tendant à marginaliser les musulmans».

Il aurait été plus bénéfique de prendre des mesures pour combattre l'islamophobie

Pays officiellement laïque, la Turquie du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan se pose comme le défenseur des droits des musulmans dans le monde. «Il aurait été plus bénéfique de prendre des mesures pour combattre l'islamophobie», a ajouté le ministère turc, estimant que le texte adopté au Sénat «viole l'un des droits fondamentaux les plus basiques».

En mars 2017, Recep Erdogan avait accusé la justice européenne de lancer «une croisade» contre l'islam après un arrêt autorisant une entreprise à interdire le port du voile au travail. Depuis 2003, ses gouvernements ont progressivement annulé l'interdiction du port du voile dans les institutions, autorisant les femmes à être voilées dans les universités et au Parlement et, ces dernières années, dans la fonction publique et les lycées, au grand dam des tenants de la République laïque fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk. 

La proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant les sorties scolaires a été présentée au Sénat français par l'opposition de droite et adoptée le 29 octobre au terme d'un débat passionné de près de cinq heures, alors que la France est en pleine réflexion sur la place et l'organisation de l'islam. L'examen de ce texte jugé controversé a été maintenu malgré les appels à gauche et dans la majorité à y renoncer, au lendemain de l'attaque contre une mosquée à Bayonne commise par un ancien candidat FN et qui a fait deux blessés graves. La proposition de loi a toutefois peu de chances d'être adoptée par l'Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle.

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