Reporters sans Frontières a annoncé le 29 octobre avoir saisi la justice française dans le but d'obtenir le retrait d'une immense affiche vantant le tourisme en Arabie saoudite, apparue dans les quartiers chics de la capitale. L'ONG voit dans cette publicité, installée un an après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, une «provocation» et une «atteinte à la dignité humaine».
Une vaste campagne de publicité mondiale
Cette affiche de 342 m2 selon RSF, est apposée sur un immeuble en angle donnant sur le boulevard Haussmann, en plein cœur du quartier des grands magasins à Paris. «[Elle] fait partie d’une vaste campagne de publicité mondiale destinée à promouvoir le pays comme destination touristique», a rappelé RSF, et a reçu une autorisation administrative (sous la forme d'un arrêté préfectoral) le 1er octobre.
«Un an presque jour pour jour après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué et démembré dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul par des agents de Riyad, RSF estime que cette publicité affiche le cynisme de l’Arabie saoudite, le peu de cas qu’elle fait des réactions internationales et son mépris des libertés fondamentales», s'indigne l'association de défense de la liberté de la presse. Elle se dit particulièrement indignée par le calendrier de cet affichage, qui a été lancé au début du mois d'octobre, coïncidant avec la date anniversaire du meurtre du journaliste, le 2 octobre.
Atteinte à la dignité humaine et trouble à l'ordre public
«Afin d’obtenir le retrait de cette publicité», Reporters sans Frontières a précisé avoir déposé une plainte en référé (une procédure d'urgence) devant un juge administratif, pour demander «que l’arrêté préfectoral autorisant son affichage soit annulé». Et ce, au motif qu'elle constituerait «une inacceptable atteinte à la dignité humaine, et par conséquent un grave trouble à l’ordre public».
RSF a organisé plusieurs actions ces dernières semaines afin d'exiger que toute la lumière soit faite par les autorités saoudiennes sur l'assassinat de Jamal Khashoggi, et que le pays (placé 172e place sur 180 dans son classement mondial de la liberté de la presse) cesse ses graves atteintes à l'égard des journalistes. Dans ce cadre, l'ONG avait notamment disposé des mannequins démembrés devant le consulat d'Arabie saoudite en France, début octobre. L'affichage de cette publicité pour le tourisme dans le Royaume saoudien avait déjà suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.
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