Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a accordé un entretien exclusif à RT France en marge du sommet Russie-Afrique qui s'est tenu les 23 et 24 octobre à Sotchi, en Russie. Il a particulièrement abordé la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel. A la question de savoir si le Mali souhaitait que la Russie s'investisse dans la sécurité en Afrique, le chef d'Etat malien a répondu que «la question sécuritaire est une question mondiale» et qu'elle «s'invite à tous les débats», le terrorisme n'ayant pas de frontière.
«La Russie a son rôle à jouer au Sahel et dans toute l'Afrique en matière de lutte contre le terrorisme», a encore estimé Ibrahim Boubacar Keïta, rappelant que Moscou a d'autant plus de poids que la Russie fait partie du Conseil de sécurité de l'ONU.
A l'instar de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, le président malien plaide pour une coopération internationale au Sahel en la matière.
S'il y avait une recette on l'aurait su depuis longtemps
Une coopération déjà effective au niveau régional selon lui avec le groupement du G5 Sahel qui comprend la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Il a aussi rappelé que les 27 pays de l'UE sont déjà présents au Sahel, et a salué l'action du président Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel dans cette lutte contre le terrorisme.
Alors que plus de 60 attaques ont endeuillé le Sahel ces quatre derniers mois, Ibrahim Boubacar Keïta a concédé : «S'il y avait une recette on l'aurait su depuis longtemps.» «Ces bandes terroristes dont nous ne savons pas comment elles sont financées, quelles en sont les différentes connexions, sont multiformes et multiples. Elles ont une capacité de mue à nulle autre pareille, elles arrivent dans les sociétés, s'insinuent dans ces sociétés [...] et arrivent à subvertir», a-t-il encore analysé.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a souligné durant ce sommet de Sotchi que «le terrorisme, l’idéologie de l’extrémisme, la piraterie et le printemps arabe empêch[aient] le développement des pays africains», assurant que la Russie allait «lutter contre ces problèmes de manière plus active». Il a assuré que «ces phénomènes ont déstabilisé la situation dans toute l'Afrique du Nord.» Et d'ajouter : «Dans cette région, dans la région du lac Tchad et la région sahélienne, de nombreuses organisations terroristes sont actives. A cet égard, nous pensons qu'il est important d'intensifier les efforts communs dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme.»