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Le juge refuse à Assange un délai supplémentaire dans la procédure d'extradition vers les Etats-Unis

Le fondateur de WikiLeaks est apparu diminué devant le tribunal, où s'étaient rassemblés ses soutiens. Sa demande de reporter la date d'une prochaine audience sur son extradition vers les Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison, a été rejetée.

«Cette superpuissance a eu 10 ans pour se préparer à cette affaire, et je ne peux pas accéder à mes écrits» : malgré ses protestations auprès du juge, rapportées par le journal The Guardian, la demande de Julian Assange a été rejetée par le tribunal de Westminster, devant lequel il comparaissait en personne ce 21 octobre. L'avocat du lanceur d'alerte, qui purge actuellement une peine de 50 semaines de prison, réclamait davantage de temps pour rassembler des preuves pour la prochaine audience de son client, dans le cadre de la procédure d'extradition vers les Etats-Unis. Cette prochaine audience de procédure a été fixée au 19 décembre, avant une échéance portant sur la demande d'extradition en tant que telle, en février.

Rasé de près, l'Australien de 48 ans semblait fatigué, comme le montrent les images filmées par l'agence vidéo Ruptly alors que le journaliste, fondateur de WikiLeaks, était transporté en fourgon cellulaire. 

L'AFP rapporte que l'ancien informaticien, qui a semblé avoir du mal à se rappeler sa date de naissance, s'est plaint de ses conditions de détention à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh où il est détenu.

«Je ne peux accéder à aucun de mes écrits, c'est très difficile de faire quoi que ce soit», a-t-il expliqué à la juge Vanessa Baraitser, d'une voix à peine audible, ajoutant lutter contre un Etat aux «ressources illimitées».

«Ils disent que les journalistes et les lanceurs d'alerte sont les ennemis du peuple. Ils ont des avantages injustes [...] Ils [connaissent] l’intérieur de ma vie avec mon psychologue. Ils volent l’ADN de mes enfants. Ce n'est pas équitable ce qui se passe ici», a-t-il par ailleurs déclaré dans des propos rapportés par le Guardian

Je ne peux pas penser correctement

«Je ne peux pas penser correctement», a-t-il encore affirmé dans la salle d'audience où s'étaient rassemblés de nombreux soutiens, dont l'ancien maire de Londres Ken Livingstone.

Des Gilets jaunes à l'extérieur 

Plusieurs personnalités et militants Gilets jaunes ou simples citoyens avaient fait le déplacement depuis la France pour soutenir le fondateur de WikiLeaks. Au total, environ 120 personnes étaient venues en bus avec l'avocat Juan Branco, conseil juridique en France de Julian Assange.

L'auteur de Crépuscule a confié à RT France : «On a vu un homme extrêmement attaqué par la situation, qui résigne très dignement.» Juan Branco a dénoncé des conditions de détention «proprement inhumaines, assimilables à de la torture». L'avocat a encore détaillé : «[Julian Assange est] enfermé 23 heures sur 24 dans une aile psychiatrique, entouré de cas grave, à l'isolement complet avec une demi-heure d'activités sociales et une demi-heure d'accès à l'air libre par jour seulement, trois visites sociales par semaine, une absence d'accès a des moyens d'information extérieurs, pas d'ordinateur... Et dans ces conditions là, de grandes difficultés à tout simplement pouvoir assurer sa défense.»

«J’ai réussi à être invité à l’intérieur […] il arrivait pas vraiment à comprendre ce qui se passait, mais il est resté digne, fier», a pour sa part déclaré le Gilet jaune Maxime Nicolle, également présent au Royaume-Uni, à la sortie de l'audience. Le militant a par ailleurs déploré que l'Australien soit incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh où il subit un régime d'incarcération réservé à des auteurs de crimes «très graves» comme des «meurtriers», ce qui limiterait sa capacité à assurer correctement sa défense. 

175 ans de prison

Julian Assange a été arrêté par la police britannique au sein de l'ambassade d'Equateur le 11 avril 2019 après que le président Lenin Moreno lui a retiré le droit d'asile que lui avait accordé son prédécesseur Rafael Correa en 2012 pour lui éviter une arrestation dans le cadre une affaire d'agression sexuelle en Suède. 

Il a écopé d'une peine de 50 semaines de prison le 1er mai 2019 pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

À la fin de sa peine, Julian Assange pourrait être extradé vers les Etats-Unis où il risque 175 ans de prison. La justice lui reproche d'avoir mis en danger certaines de ses sources lors de la publication en 2010 par WikiLeaks de 250 000 câbles diplomatiques et d'environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. 

Parmi les milliers de documents publiés, figurait par exemple une vidéo montrant un bombardement américain à Bagdad, en 2007, dans lequel deux correspondants de l'agence de presse Reuters avaient notamment péri.

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