En conférence de presse, le 10 octobre à Lyon, Emmanuel Macron a tenté de garder les apparences en souriant, alors qu'il venait tout juste de subir un revers européen. Les eurodéputés ont, en effet, rejeté le même jour, la candidature de la Française Sylvie Goulard au sein de la Commission. Un choix qui avait été soutenu par le président de la République.
Interrogé sur son sentiment après cet affront, Emmanuel Macron a d'abord signalé qu'il se battait davantage pour le «projet européen» plutôt que sur les noms de tel ou tel futur commissaire. «J'ai proposé [...] plusieurs candidats et candidates à la présidente von der Leyen», a-t-il ajouté dans la foulée, évoquant un échange qu'il avait eu avec la future présidente de la Commission européenne.
Emmanuel Macron a d'ailleurs semblé rejeter la faute sur celle-ci : «La présidente von der Leyen m'a dit : "Moi, je veux travailler avec Sylvie Goulard, je la connais, je sais ce qu'elle vaut".» Le président français a assuré avoir mis en garde l'ancienne ministre de la Défense allemande : «J'ai dit à la présidente von der Leyen : "Attention, Sylvie Goulard est une femme d'une grande probité [...] elle n'a d'ailleurs, je le rappelle, jamais été formellement accusée [...] [mais] je connais les gens qui peuvent créer des polémiques".»
J'ai besoin de comprendre
Selon Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen aurait ensuite appelé les présidents de groupes parlementaires socialistes, du PPE et de Renew (centriste) au Parlement européen, qui auraient, toujours d'après le président français, tous validé le choix Sylvie Goulard. Après le rejet de celle-ci par les eurodéputés, Emmanuel Macron s'est donc logiquement interrogé : «Je ne comprends pas comment, quand la présidente de la commission nommée qui a une discussion avec les trois présidents de groupe [et] se mettent d'accord sur quelque chose, ça peut bouger comme ça ? Donc j'ai besoin de comprendre. Donc, je vais d'abord demander.»
«Là je ne comprends pas», a-t-il martelé en conférence de presse. «On m'a dit : "Votre nom est formidable, on le prend" et puis [...] on me dit : "Finalement on n'en veut plus" [...] Il faut qu'on m'explique.», a-t-il conclu en souriant. Un sourire trahissant davantage de la crispation ?
Empêtrée dans plusieurs affaires – mais aucunement mise en examen –, Sylvie Goulard a vu sa candidature rejetée par les eurodéputés, à une écrasante majorité de 82 voix contre 29 et une abstention. Son portefeuille devait regrouper le marché intérieur, l'industrie, la défense, l'espace, le numérique et la culture, doté de budgets de plusieurs dizaines de milliards d'euros.