Celui qui est voué, en cas d'approbation du Parlement européen, à devenir le nouveau haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, l'Espagnol Josep Borrell, a présenté le 7 octobre au cours de son audition par le Parlement les grandes lignes de la diplomatie qu'il compte appliquer pour le bloc.
Sans grande surprise, il a fait part de son intention de poursuivre dans la voie des sanctions contre Moscou, prises dans la foulée du rattachement de la Crimée à la Russie en 2014 par référendum. Josep Borrell a estimé nécessaire de maintenir ces sanctions, tant que Moscou n’opérerait pas un «changement tectonique» de sa politique sur la question. «Jusqu'à ce que la Russie change d'attitude à l'égard de la Crimée et des violations territoriales, ces sanctions doivent rester», a-t-il ainsi déclaré.
Conscient des divisions qui pourraient apparaître entre les Etats membres dans ce dossier – certains, France en tête, évoquant une nouvelle approche dans les relations avec Moscou –, Josep Borrell a appelé à un changement du fonctionnement du bloc en matière de décisions géopolitiques. Il a plaidé pour que celles-ci soient prises à la majorité, plutôt qu'à l'unanimité, comme c'est aujourd'hui le cas. «Il faut que les Etats membres restent unis. Il suffit d'un seul vote contre pour que les sanctions deviennent caduques», a-t-il affirmé avant de souligner, à regret : «Pour renoncer à la règle de l'unanimité [pour les prises de décisions], il faut l'unanimité.»
Josep Borrell a par ailleurs annoncé son intention de donner la priorité aux règlements des problèmes dans les Balkans occidentaux et aux frontières orientale de l'Europe durant son mandat. «Les Balkans et la frontière à l'Est de l'Europe doivent être les grandes priorités de notre politique extérieure, car nous ne serons pas crédibles dans notre ambition d'être un acteur géopolitique si nous ne sommes pas capables de résoudre les problèmes de notre voisinage immédiat», a-t-il fait valoir. Il a expliqué que sa première visite, s'il venait à être confirmé, serait à Pristina au Kosovo, où il n'a jamais été. L'Espagne refuse en effet de reconnaître l'indépendance du Kosovo, une politique que Josep Borrell a défendu dans ses fonctions de chef de la diplomatie espagnole. «La reconnaissance d'un pays est une compétence nationale des Etats membres», a-t-il rappelé.
Actuellement chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrell doit prendre ses fonctions le 1er novembre si le Parlement européen accorde son investiture à la nouvelle Commission lors d'un vote prévu le 24 octobre.