Les grèves et manifestations se poursuivent dans plusieurs régions de l'Equateur. Depuis l'entrée en vigueur d'une hausse du prix du carburant de plus de 100%, le pays est en proie à un mouvement contestataire d'ampleur inédite.
Dans la foulée de l'instauration de l'état d'urgence, le 4 octobre, par décret du chef de l'Etat Lenin Moreno (social-démocrate), d’impressionnantes scènes de guérilla ont ainsi été filmées puis diffusées sur les réseaux sociaux. De fait, les forces de l'ordre multiplient les interventions dans plusieurs provinces du pays pour tenter de mettre un terme aux blocages de routes et aux manifestations qui se poursuivent depuis plusieurs jours.
Fait notable, des chars ont par exemple été aperçus dans le centre-ville de Quito, capitale du pays.
Plus au nord du pays, la province d'Imbabura a été le théâtre de scènes chaotiques, comme en témoigne une vidéo tournée depuis un drone. «Les forces armées et la police équatoriennes ont transformé la paroisse de La Esperanza en zone de guerre», peut-on lire dans un tweet publié par la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur, une organisation nationale qui regroupe des communautés et des associations locales de peuples indigènes.
Dans la province d'Azuay (sud du pays), alors que les blocages se poursuivent, un homme est décédé, percuté par un véhicule aux abords d'un barrage routier. Selon des médias locaux cités par l'agence de presse Reuters, il s'agirait d'un manifestant, mais l'information n'a pas été confirmée officiellement.
Des rassemblement ont eu lieu ailleurs à travers le pays.
Revers de la médaille pour Lenin Moreno ?
A l'origine de la colère populaire qui se fait ressentir de part et d'autre du territoire : la hausse spectaculaire du prix du carburant. Celle-ci découle d'un accord signé au mois de mars dernier, entre l'actuel président équatorien et le Fonds monétaire international (FMI).
En échange d'un soutien financier de 4,2 milliards de dollars accordé par l'institution financière, le contrat prévoit, en effet, un programme de réformes économiques échelonné sur trois ans, dont fait partie la récente suppression des subventions des carburants, d'un montant total de 1,3 milliard de dollars.
L'arrivée au pouvoir en mai 2017 de Lenin Moreno a rapidement marqué un tournant politique majeur après le mandat de son prédécesseur Rafael Correa, qui fait aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt international, à la demande de l'Equateur par le biais d'Interpol. Entre autres dossiers notoires illustrant cette rupture, la révocation par l'actuel président de l'asile politique accordé par Correa au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Si Lenin Moreno avait, de son côté, justifié une telle décision par la «violation répétée» du lanceur d'alerte australien de ses conditions d'asile, d'aucuns avaient alors rapidement soupçonné un accord passé entre l'actuel chef d'Etat et le FMI.
«[Mettre fin à l'asile d'Assange] fait partie de l'accord conclu avec le gouvernement des Etats-Unis par l'intermédiaire de son organe d'exécution, à savoir le FMI», déclarait ainsi au mois d'avril l'ancien ministre équatorien de la Défense nationale, Ricardo Patino.