La tête de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a invoqué le 4 octobre une loi d'urgence pour interdire le port du masque, et ce, manifestement, dans l'espoir d'en finir avec une crise politique sans précédent.
«Nous pensons que la nouvelle loi aura un effet dissuasif sur les manifestants violents et émeutiers masqués, et assistera la police dans sa mission de maintien de l'ordre», a déclaré Carrie Lam lors d'une conférence de presse. Elle a tenu à préciser que l'utilisation de cette loi ne signifiait pas que son gouvernement avait déclaré l'état d'urgence sur le territoire semi-autonome. «Bien que la loi contienne le mot "urgence", Hong Kong n'est pas sous le régime de l'état d'urgence», a-t-elle dit.
En réaction, des milliers de personnes se sont rassemblées à Hong Kong contre cette loi ce 4 octobre. Des manifestants masqués ont notamment érigé des barricades dans le centre de Hong Kong.
Ces Hongkongais, pour la plupart des employés, ont profité de leur pause de midi pour descendre dans les rues et contester ce recours à un texte datant de l'époque coloniale qui n'avait plus été appliqué depuis 1967 et qui risque, selon ses détracteurs, de faire basculer la région semi-autonome chinoise vers l'autoritarisme.
L'ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes, et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l'ordre et manifestants au visage masqué.
L'indépendance de la justice en question
Pendant les émeutes de 1967 –un mouvement social qui dégénéra pendant sept mois en batailles de rue entre forces de l'ordre et militants gauchistes– la Grande-Bretagne utilisa ce texte loi, invoqué ce jour, pour élargir les pouvoirs d'arrestation de la police mais aussi pour censurer très largement les médias.
La majorité juge les pouvoirs d'urgence nécessaires face à une frange radicale de plus en plus violente.
Mais l'opposition estime que permettre ainsi à Carrie Lam de court-circuiter le contrôle parlementaire engagerait le territoire sur une pente glissante, d'autant que Hong Kong a assis sa réputation de centre financier mondial sur le respect de l'Etat de droit et l'indépendance de la justice.
«C'est un moment critique. C'est le Rubicon», a déclaré à l'AFP Claudia Mo, une élue favorable au mouvement de protestation. «Et je m'inquiète du risque que cela ne soit juste que le début. Il se peut que d'autres mesures drastiques prises au nom de la loi soient en préparation», a-t-elle ajouté.
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