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Plusieurs morts lors de manifestations : que se passe-t-il en Irak ?

Le 1 et le 2 octobre, des manifestations spontanées ont émaillé Bagdad et le sud du pays, dans un contexte de corruption et de chômage endémique. Les forces de l'ordre ont notamment tiré à balles réelles. Six manifestants et un policier sont morts.

Sept personnes sont mortes lors de manifestations à Bagdad et dans le sud de l'Irak pour davantage de services et d'emplois, les 1er et 2 octobre. Le 2 octobre, trois manifestants ont été mortellement touchés par balles à Nassiriya, capitale de la province méridionale de Zi Qar et un quatrième à Bagdad, selon des responsables. Un policier a également été mortellement touché par balle dans cette ville. La veille, un manifestant a été tué à Nassiriya et un autre à Bagdad.

La contestation s'est concentrée à Bagdad dans les quartiers à majorité chiites de Zaafaraniya dans le sud de la ville et d'al-Chaab dans le nord de la ville. Dans le sud du pays, des manifestations ont été dispersées à Nassirya et à Najaf.

Il s'est agi de la première manifestation massive contre le gouvernement d'Adel Abdel-Mehdi entré en fonction le 25 octobre 2018. 

Ces manifestations n'ont pas vu le jour à l'appel d'un parti ou d'un mouvement politique ou religieux institutionnalisé. Portés par un mécontentement grandissant à l'égard du gouvernement irakien, les manifestants ont réclamé «des rues asphaltées, une ville où tout marche, la reconstruction, du travail, des services publics», selon des propos rapportés par l'AFP.

L'ONU, par la voix de sa représentante, Jeanine Hennis-Plasschaert, et le président irakien ont appelé les forces de l'ordre à la «retenue», alors que le Premier ministre irakien Abdel-Mehdi et les forces de sécurité accusent des «saboteurs» d'être à l'origine des manifestations. Le chef du gouvernement irakien a également salué «la grande responsabilité et la retenue des forces armées» face à des «agresseurs […] ayant délibérément fait des victimes parmi les manifestants innocents», selon des déclarations rapportées par l'AFP.

Par ailleurs, la commission des droits de l'Homme du Parlement irakien a dénoncé la gestion de la manifestation par la police et a annoncé que les autorités judiciaires devraient rendre des comptes auprès du Parlement. Le président du Parlement irakien Mohamed al-Habousi, et le leader chiite Moqtada Sadr ont demandé l'ouverture d'une enquête.

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Un contexte économique tendu

Depuis l'annonce de la fin de la guerre contre l'Etat islamique par le gouvernement irakien d'Haider al-Abadi, le 10 décembre 2017, l'Irak se trouve dans un situation instable et se révèle incapable d'affronter les défis colossaux issus de la victoire contre Daesh.

Au niveau économique, le pays est certes peu à peu sorti des difficultés économiques engendrées par la guerre et la conquête de champs pétroliers dans le nord par Daech en 2014. L'augmentation des prix du pétrole et la sécurisation des champs pétroliers a permis au PIB irakien de passer de 226 milliards de dollars en 2018, à 247 milliards en 2019. Mais la redistribution des richesses en Irak a été freinée par une importante corruption au sein de l'Etat depuis plus de 15 ans.

Cette corruption freinerait la reconstruction et le retour des services publics à Mossoul,où les habitants vivent dans la misère la plus noire. Interrogé en début d'année, un Mossoulien déclarait : «Il n'y a pas de reconstruction, tous les efforts de reconstruction n'existent que sur le papier.»

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