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Macron et Trump à l'ONU : patriotisme à «visée universelle» contre patriotisme tout court ?

Prenant la parole après son homologue américain à la tribune de l'ONU, Emmanuel Macron semble avoir voulu céder un peu de terrain politique à Donald Trump sur la critique d'un certain mondialisme... tout en condamnant le «repli identitaire».

Emmanuel Macron a semblé – en apparence – abonder dans le sens de son homologue américain, Donald Trump, après son discours ouvertement nationaliste le 24 septembre à la tribune de l'ONU. Le président français s'est ainsi présenté comme opposé à un «mondialisme qui oublie les peuples», ajoutant qu'il rejoignait «à cet égard ce que le président Trump a pu dire» le matin même.

Mais il a très vite modéré son propos, déclarant que les problèmes traversés ne pouvaient pas non plus être réglés par le «repli nationaliste», plaidant plutôt pour «l'amour de la patrie avec une visée universelle».

L’avenir n’appartient pas aux mondialistes [mais] aux patriotes

Quelques heures plus tôt, alors qu'il s'exprimait après un discours très droitier du président brésilien Jair Bolsonaro, Donald Trump avait dédié une large partie de son allocution à la défense de sa politique de lutte contre l'immigration et à la critique du «mondialisme».

«Visée nationale» VS «renouveau national»

Il avait ainsi déclaré : «Les dirigeants sages donnent toujours la priorité au bien-être de leur peuple, de leur nation avant tout. L’avenir n’appartient pas aux mondialistes [mais] aux patriotes, [...] aux nations souveraines, indépendantes, qui protègent leurs citoyens, respectent leurs voisins, honorent les différences qui font que chaque pays est unique». Il avait ajouté mener une politique de «renouveau national». 

Emmanuel Macron a revendiqué dès sa campagne électorale de 2017 son «patriotisme», qu'il oppose au «nationalisme» honni, comme il le synthétisait en 2018 dans un tweet : «Le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la trahison. En disant "nos intérêts d’abord et qu’importent les autres !", on gomme ce qu’une Nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre : ses valeurs morales.»

Une définition du patriotisme et un concept de «patrie avec une visée universelle» qui paraît diamétralement opposée à celle de Donald Trump et sa «nation avant tout». En tout état de cause, alors qu'il a plaidé à l'ONU pour un «multilatéralisme fort», Emmanuel Macron n'a pu que constater l'échec de sa politique, en particulier sur le dossier iranien. Depuis New York, il a ainsi vu peu à peu disparaître à l'horizon la perspective d'une conciliation à court terme entre l'Iran et les Etats-Unis qu'il se donnait pourtant  pour mission de faire aboutir depuis le G7 de Biarritz.

Le chef de l'Etat, qui s'était présenté comme un médiateur équitable et incontournable dans la sortie de crise, s'est rangé avec l'Allemagne et le Royaume-Uni derrière la position américano-saoudienne, accusant l'Iran d'être derrière l'attaque sur les installations pétrolières en Arabie saoudite. Hassan Rohani a depuis fermé la porte à «toute négociation» avec les Américains tant que les sanctions économiques sur son pays seraient maintenues.

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