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«Nous avons le même objectif» : Parly change de ton sur le rôle de la Russie en Centrafrique (VIDEO)

Il y a peu critique sur la coopération russo-centrafricaine, la France a-t-elle changé d'avis ? L’ex-puissance coloniale en est désormais convaincue : la Russie souhaite «aider les Centrafricains à restaurer l'autorité de l'Etat».

Ce 9 septembre, lors de la conférence de presse commune des ministres français et russes des Affaires étrangères et de la Défense à Moscou, Florence Parly a évoqué les initiatives diplomatiques françaises et russes en Centrafrique. La chef des Armées s’est notamment félicitée des efforts conjoints menés dans le cadre de l'ONU et de l'Union africaine afin de résoudre la crise sécuritaire dans ce pays.

«Certains veulent y voir un lieu de compétition. Nous avons des différences de méthode mais je veux le croire, nous avons un même objectif : aider les Centrafricains à restaurer l’autorité de l’Etat sur leur pays. Lorsque nos efforts convergent dans le cadre institutionnel de l’ONU ou bien de celui de l’Union africaine, nous obtenons des résultats. A l’image, par exemple, de l’assouplissement sur l’embargo sur les armes. Nous pouvons le faire alors faisons-le davantage», a-t-elle déclaré.    

Les propos de Florence Parly trahiraient-ils un changement radical de la position française sur le rôle de la Russie en Centrafrique ? Au regard de ses précédentes déclarations, on peut le penser. Le 5 novembre 2018, dans une interview parue dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, la ministre française de la Défense avait accusé Moscou d’entraver une sortie de crise. «Je ne suis pas certaine que cette présence [russe en République centrafricaine] et les actions déployées par Moscou, comme les accords négociés à Khartoum à la fin août, contribuent à stabiliser le pays.» La ministre critiquait alors l'activisme diplomatique de la Russie qui avait parrainé, le 28 août 2018, à Khartoum, la capitale du Soudan, une rencontre destinée à faciliter le processus de réconciliation en Centrafrique.  

Plus tôt, dans une interview diffusée le 3 novembre 2018 sur France 24, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait de son côté accusé la Russie d’avoir les mêmes funestes desseins : «Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de la Centrafrique, c'est [...] la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s'implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées.»  

Dépassées par les exactions des groupes armés, les autorités centrafricaines ont appelé leurs homologues russes à les soutenir militairement dans leur entreprise de sécurisation du territoire. A la faveur de la levée partielle par l’ONU de l’embargo sur les armes décidée en décembre 2017, la Russie avait livré fin janvier 2018 à la République centrafricaine des armes d'infanterie et des munitions, et déployé 170 instructeurs civils et cinq instructeurs militaires chargés de former les militaires centrafricains et de soutenir leur déploiement à travers le territoire. 

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