Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a exhorté ce 6 septembre la justice à poursuivre l'opposant Juan Guaido pour «trahison envers la patrie», l'accusant de vouloir «livrer» à des multinationales l'Esequibo, un riche territoire du Guyana revendiqué par Caracas.
«Un ensemble de preuves nous est parvenu selon lequel Juan Guaido, ce bandit traître à la patrie, est en train de négocier pour livrer l'Esequibo contre un soutien politique à son fantasmagorique et farcesque soi-disant gouvernement», a ainsi fait savoir Nicolas Maduro dans un discours retransmis par la chaîne de télévision publique VTV.
«Le parquet général doit agir avec diligence parce que c'est un délit de trahison envers la patrie», a-t-il ajouté. Ce même jour, le parquet vénézuélien a annoncé avoir ouvert une enquête à l'encontre de Juan Guaido pour «haute trahison».
A qui appartient l'Esequibo ?
Plus tôt dans la journée, la vice-présidente Delcy Rodriguez avait, dans le même sens, accusé Juan Guaido de diriger une «organisation criminelle» au «service d'entreprises transnationales et du gouvernement des Etats-Unis».
Elle a notamment diffusé sur VTV un message vocal d'une personne qu'elle a identifiée comme étant une fonctionnaire de l'administration américaine, en train de communiquer avec un «conseiller externe» de Juan Guaido. Dans cet enregistrement, la présumée fonctionnaire américaine l'exhorte à «modifier la position du Venezuela» et «livrer l'Esequibo» à ExxonMobil et d'autres multinationales, selon la vice-présidente.
Julio Borges, nommé «commissaire aux relations extérieures» par Juan Guaido, a pour sa part tweeté qu'il s'agissait là d'une «manœuvre» visant à «étouffer» l'accusation de la Colombie contre Caracas d'héberger des dissidents de l'ex-guérilla des Farc, qui ont annoncé leur retour à la lutte armée.
L'Esequibo est un territoire riche en minerais et bordé d'une zone maritime possédant des ressources pétrolifères, et dont la souveraineté est réclamée par le Venezuela à son voisin oriental, le Guyana. Caracas conteste une sentence arbitrale rendue à Paris à la fin du XIXe siècle, accordant la région à la colonie britannique de l'époque, et met en avant l'accord de 1966 proposant une solution négociée. La tension a resurgi en 2015, à l'occasion de la découverte de pétrole dans des eaux disputées.
Plusieurs enquêtes sont déjà lancées à l'encontre de Juan Guaido, ancien président de l'Assemblée nationale, autoproclamé chef de l'Etat par intérim en janvier 2019, et reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.
L'immunité parlementaire de Juan Guaido a déjà été levée mais il n'a pas été interpellé, contrairement à plusieurs autres députés de son camp. Washington a averti que l'arrêter serait «l'ultime erreur» de Nicolas Maduro.