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Poutine annonce une réunion sur la Syrie avec la Turquie et l'Iran en septembre

En marge du salon aéronautique MAKS, qui a ouvert ses portes ce 27 août près de Moscou, Vladimir Poutine reçoit son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Les deux chefs d'Etat ont notamment abordé le regain de tensions à Idleb, en Syrie.

Au côté de Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse coïncidant avec l'ouverture du salon aéronautique MAKS près de Moscou, Vladimir Poutine a annoncé le 27 août qu'une réunion entre la Russie, l'Iran et la Turquie consacrée à la situation en Syrie avait été planifiée. La rencontre devrait avoir lieu mi-septembre au Kazakhstan.

La situation en Syrie a en effet connu un regain de tensions, avec l'envoi par la Turquie d'un convoi militaire sur le territoire syrien, sans l'accord du gouvernement, avec pour but, selon les autorités syriennes, d'apporter un soutien logistique aux milices pro-turques dans le gouvernorat d'Idleb. Accusant même son voisin turc de soutenir les terroristes de Jahbat al-Nosra (groupe affilié à al-Qaïda), Damas avait alors dénoncé une manœuvre agressive. Ankara avait, un peu plus tard, dénoncé une frappe aérienne contre ce convoi chargé de munitions, qui avait fait plusieurs blessés.

Dans ce contexte explosif, le président russe, allié du gouvernement syrien, a affirmé avoir convenu avec son homologue turc d'«étapes communes additionnelles pour neutraliser les nids de terroristes à Idleb et [en vue d'une] normalisation de la situation sur place et dans l'ensemble de la Syrie».

Si les deux chefs d'Etats se sont notamment mis d'accord sur la nécessité que le territoire syrien, malgré les divisions, demeure uni, Recep Tayyip Erdogan a, de son côté, fait valoir le droit de la Turquie à se défendre le long de sa frontière, condamnant l'action des troupes syriennes dans cette région. «La situation s'est tellement compliquée qu'à l'heure actuelle, nos militaires se trouvent en danger. Nous ne voulons pas que cela continue. Nous allons prendre à temps toutes les mesures nécessaires», a affirmé le dirigeant turc dans des propos rapportés par l'AFP.

Toujours en vue de préserver l'intégrité de la Syrie, Vladimir Poutine s'est dit favorable à la création d'une zone de sécurité à la frontière turco-syrienne.

En dépit de divergences, les deux chefs d'Etats ont souligné qu'ils poursuivraient leur coopération dans le domaine de l'industrie de Défense. Pour preuve, la Turquie a commandé, le même 27 août, un second système de défense antiaérienne russe S-400.

Regain de tensions à Idleb

Idleb fait l’objet depuis septembre 2018 d'un accord russo-turc sur la sécurisation d’une «zone démilitarisée». Conclue dans la station balnéaire russe de Sotchi le 17 septembre, cette initiative prévoyait, entre autres, la création d'une zone tampon de 15 à 20 kilomètres de large, en forme de fer à cheval, sous le contrôle conjoint de la Russie et de la Turquie, non seulement dans la province d'Idleb, mais aussi dans des secteurs des régions voisines d'Alep, Hama et Lattaquié. Les groupes djihadistes, dont Hayat Tahrir al Chams (ex-Jahbat al-Nosra), et des rebelles soutenus par Ankara, qui contrôlent la province à 90 %, devaient se retirer, avec leurs armes lourdes, de façon à ne plus se mélanger aux populations civiles. HTS ayant refusé ces dispositions, l’armée syrienne poursuit ses opérations pour reprendre cette zone.

Dernière opération menée avec succès par l’armée syrienne : la prise, le 18 août, de la localité de Khan Cheikhoun, perdue en 2014. Moins d’une semaine après cette offensive, le 22 août, Damas a annoncé l’ouverture d’un corridor humanitaire afin de permettre aux civils de quitter la région. «La République syrienne annonce l'ouverture d'un corridor humanitaire dans la région de Sourane, dans le nord de la province de Hama, pour permettre aux citoyens le souhaitent de sortir des régions sous contrôle des terroristes dans le nord de Hama et le sud d'Idleb», avait précisé le ministère syrien des Affaires étrangères  cité par l’agence de presse syrienne Sana.

Pour autant, la multiplicité des acteurs et des difficultés de coordination, notamment entre la Turquie et la Syrie pour sécuriser la zone, posent un grave problème dans la résolution du conflit, comme en témoigne le récent incident entre Damas et Ankara. 

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