Commentant le récent test américain d'un missile conventionnel de moyenne portée depuis l'île de San Nicolas, au large de la Californie, les représentants de la diplomatie russe ont estimé qu'il s'agissait d'une opération préparée de longue date, dont seule l'annonce officielle nécessitait le retrait de Washington du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).
Comme le rapporte l'AFP le 20 août, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en effet estimé qu'un tel essai était «impossible à mettre en œuvre en seulement quelques semaines». Soulignant que Vladimir Poutine avait considéré cet essai comme la démonstration d'une volonté américaine de miner le FNI, le porte-parole de la présidence a déclaré : «[Les Etats-Unis] s'y préparaient depuis le début.»
Vladimir Poutine lui-même a fait savoir ce 21 août lors d'une conférence de presse à Helsinki en compagnie du président finlandais : «Le moment choisi pour l’essai du missile américain montre que son développement était en cours bien avant que Washington ne quitte le FNI.» De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a également déclaré que «tout cela n'était pas une nouveauté», rappelant que lors de sa visite en Russie au mois d'octobre 2018 déjà, le conseiller du président américain à la sécurité nationale, John Bolton, avait affirmé que la volonté de Donald Trump sur la nécessité de quitter le FNI n'était pas une invitation au dialogue mais «une décision définitive».
«Apparemment, déjà à l’époque, ou peut-être plus tôt, [les Etats-Unis] ont commencé à préparer les essais qui se déroulent aujourd’hui et qui violent les conditions du FNI», a déclaré le chef de la diplomatie russe.
Signé par les Etats-Unis et l'URSS en 1987 pendant la guerre froide, le FNI a connu des périodes de remises en question du côté américain et russe alors que les deux camps se s'accusent réciproquement de ne pas respecter les conditions du traité. L'objectif historique du traité était le démantèlement par les Etats-Unis et l'URSS, pendant la guerre froide, d'une certaine catégorie de missiles transportant des charges nucléaires ou conventionnelles.
Washington a mis fin, le 2 août, à sa participation au traité, ouvrant de ce fait la voie à une nouvelle course aux armements dirigée contre la Russie, mais plus encore contre la Chine.