L'Iran, par la voix de son porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a prévenu Washington ce 19 août : une saisie de son pétrolier, qui a quitté la veille les eaux du territoire britannique de Gibraltar où il était retenu depuis des semaines, ne se fera pas sans conséquences.
«L'Iran a envoyé les avertissements nécessaires aux responsables américains par les canaux officiels [...] de ne pas faire une telle erreur parce qu'elle aurait de graves conséquences», a ainsi expliqué à la presse Abbas Moussavi. Le navire, d'abord baptisé Grace 1 puis Adrian Darya après être passé sous pavillon iranien, était soupçonné de transporter des barils de pétrole que les autorités gibraltariennes, comme américaines, pensaient destinés à la Syrie – frappée d’un embargo de la part de l’Union européenne – ce que l’Iran a jusqu’à maintenant démenti.
Selon le site de suivi du trafic maritime Marine Traffic, le pétrolier qui était immobilisé depuis le 4 juillet au large des côtes de Gibraltar a levé l'ancre dans la soirée du 18 août et naviguait vers le sud. Le flou demeure sur sa destination et le sort de sa cargaison, puisque les autorités de Gibraltar n'ont pas confirmé son départ.
Gibraltar avait arraisonné ce pétrolier, en application des sanctions européennes contre Damas. Le navire avait été autorisé le 15 août à repartir quand Téhéran a assuré que la cargaison de 2,1 millions de barils ne serait pas livrée à la Syrie.
Selon un communiqué publié le 18 août, les autorités de Gibraltar ont refusé la saisie demandée par Washington, qui invoquait l'application de sanctions prévues par une loi américaine. «En vertu du droit européen, Gibraltar est dans l'impossibilité de prêter l'assistance demandée par les Etats-Unis», ont-elles justifié. L'arraisonnement du Grace 1 avait provoqué une grave crise entre Londres et Téhéran, qui démentait que le navire fasse route vers la Syrie. L'Iran a saisi 15 jours plus tard un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d'Ormuz.
Sur ce dernier point, un porte-parole iranien a rejeté l'idée d'une mesure de représailles. «Il n'y a aucun lien entre ces deux navires», a ainsi précisé Abbas Moussavi. «Il y a eu deux ou trois violations maritimes commises par ce navire», a-t-il dit. «Le tribunal se penche sur ce cas. Nous espérons que l'enquête sera terminée dès que possible et que le verdict sera rendu [rapidement]», a ajouté le porte-parole.
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