A peine arrivé, voilà que Boris Johnson pourrait déjà être poussé vers la sortie. Celui qui a remplacé Theresa May le 24 juillet dernier se retrouve en difficulté alors que l’opposition, emmenée par le travailliste Jeremy Corbyn, cherche à éviter la possibilité d’un Brexit sans accord. Dans une lettre datée du 14 août adressée aux principaux partis d'opposition et à quatre députés conservateurs, l’élu à la Chambre des communes milite afin de mettre aux voix une motion de censure contre l’actuel gouvernement et ainsi provoquer de nouvelles élections. Il demande également à ce que le pouvoir lui soit remis pendant une «durée strictement limitée» afin d’organiser le nouveau scrutin.
«Notre priorité devrait être de travailler ensemble au Parlement afin de prévenir les dommages causés par l’imposition d’un No Deal» a-t-il indiqué, précisant que «ce gouvernement n'a pas de mandat pour une sortie sans accord, et le référendum de 2016 n'a pas fourni de mandat pour une sortie sans accord […] C'est pourquoi j'ai l'intention de déposer une motion de censure dès que possible, quand nous sommes assurés de gagner».
Une position également défendue par son parti, qui fait les yeux doux à certains conservateurs opposés à un Brexit sans accord. Le 15 août, le Labour a mis en ligne une vidéo incitant à «stopper le désastre d’un Brexit dur et laisser les électeurs décider du futur de leur pays».
«Nous devons travailler ensemble, même si nous n'aimons souvent pas ce que les uns et les autres disent, nous devons empêcher un Brexit sans accord», a indiqué, au micro de la BBC, Rebecca Long-Bailey, ministre de l'Economie au sein du cabinet fantôme et membre du parti travailliste.
De son côté, Boris Johnson ne semble pas décidé à négocier. «Le résultat du référendum doit être respecté. Nous quitterons l’Union européenne le 31 octobre», avait confirmé le Premier ministre, le 15 août, sur Twitter. Néanmoins, celui-ci ne dispose que d’une faible majorité – une seule voix – au Parlement et se retrouve donc acculé.
Un gouvernement d’union nationale pour répondre à l’urgence
La nouvelle chef du parti libéral-démocrate, Jo Swinson, a affirmé, dans son premier discours prononcé le 15 août à Londres, qu’elle était «prête à travailler avec n'importe qui pour arrêter Boris Johnson». Elle a également mis en garde contre une prise de pouvoir de Jeremy Corbyn, qu’elle considère comme «facteur de divisions» avec lequel il sera difficile de former une majorité. D’après elle, ce nouveau gouvernement devrait être dirigé par le député ayant servi le plus d'années à la Chambre des communes, citant le conservateur Ken Clarke ou la travailliste Harriet Harman.
Par ailleurs, le Parti nationaliste écossais (SNP) a lui aussi apporté son soutien à cette hypothétique motion de censure, par la voix de son chef Ian Blackford. Le parti gallois Plaid Cymru, dirigé par Liz Saville Roberts, s’est également dit ouvert à la discussion. C’est aussi le cas de plusieurs députés conservateurs, comme Nick Boles, Dominic Grieve, Oliver Letwin ou encore Caroline Spelman, qui ont admis la possibilité d’une rencontre. «Nous sommes d'accord sur le fait que la priorité commune devrait être de travailler ensemble au Parlement pour empêcher un Brexit sans accord et acceptons votre invitation à discuter des différents moyens pour y parvenir […] Nous serions heureux de vous rencontrer ainsi que vos collègues d'autres partis d'opposition [...] dans les semaines qui précèdent la reprise du Parlement [le 3 septembre]», ont-ils écrit dans une lettre commune mise en ligne sur Twitter par une journaliste de Sky News.
S'il réussit à démettre Boris Johnson et à organiser de nouvelles élections, le patron du Labour devra obtenir un nouveau report du Brexit, après quoi il pourra lancer sa campagne en faveur d’un nouveau vote sur l’appartenance à l’Union européenne (UE), qui permettrait aux Britanniques de rester membres de l’UE. Autant dire que la partie est loin d'être gagnée.
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