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Pologne : la communauté LGBT au cœur des élections législatives

À deux mois des législatives polonaises du 13 octobre, les droits des LGBT sont l’une des thématiques les plus débattues dans le pays. Conservateurs au pouvoir et aile gauche de l’opposition en ont fait un cheval de bataille.

Après une série de manifestations en réaction à une attaque de nationalistes contre une Gay Pride le mois dernier, l'archevêque de Cracovie Marek Jedraszewski a dénoncé, dans une homélie, la «peste arc-en-ciel», qui a remplacé, selon lui, la «peste rouge» communiste. Une déclaration qui a mis en lumière les divisions au sein de la société polonaise sur la question. Suite à une campagne menée dans les médias par Pawel Guzynski, un dominicain, comme l'archevêque, l'ordre religieux a décidé de sanctionner ce dernier, l'envoyant dans un monastère contemplatif pour une pénitence de trois semaines.

Dans le même temps, sur la puissante station catholique Radio Maryja, nombre de fidèles ont appelé à envoyer des lettres de soutien au Vatican pour défendre Marek Jedraszewski.

Dans ce pays catholique où l'Eglise dispose d'une grande influence, les conservateurs nationalistes au pouvoir se sont saisi de l'occasion pour monter au créneau. Soutenant la déclaration de l’archevêque, ils ont sonné l’alerte dans les médias contre la «menace» LGBT. Interrogé par l’AFP, le politologue Stanislaw Mocek estime que «pour le PiS [parti Droit et Justice au pouvoir] c'est du carburant politique, cela lui permet de réaffirmer son identité politique, son attachement aux valeurs traditionnelles face à la vague d'occidentalisation.»

De l’autre côté de l’échiquier politique polonais, l’aile gauche de l’opposition a, quant à elle, fustigé l’homélie de l’archevêque. A deux mois des élections législatives, elle a dénoncé l’alliance du PiS avec l’Eglise et réaffirmé son soutien à la communauté LGBT. Un soutien synonyme «d’arme politique sous forme de défense des droits des minorités», a analysé pour l’AFP le recteur de l'université Collegium Civitas de Varsovie.

Ce n'est pas la première fois que les conservateurs agitent le spectre du lobby LGBT. En avril dernier, le chef du PiS, Jaroslaw Kaczynski, avait déjà évoqué une «menace à l'identité, à la nation et à l'Etat polonais» due à la communauté LGBT et à la «théorie du genre.»

Il avait alors reçu le soutien de fidèles catholiques indignés par la publication sur internet d'images de la Vierge avec une auréole arc-en-ciel. Dans ce contexte explosif, une nouvelle Gay Pride doit se tenir le 10 août à Plock, une ville moyenne à 100 km à l'ouest de Varsovie.

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