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Pologne : le grand rabbin s'indigne des célébrations d'une unité soupçonnée de collaboration

Le grand rabbin de Pologne s'est indigné de l'attitude favorable du pouvoir conservateur à l'égard d'une unité clandestine nationaliste, soupçonnée d'avoir collaboré avec les nazis. 

Polémique en Pologne : le grand rabbin s'est indigné de l'attitude favorable de l'exécutif à l'égard d'une unité clandestine nationaliste, soupçonnée d'avoir collaboré avec l'Allemagne nazie. Il a notamment déploré que des cérémonies – organisées par le ministre des Anciens combattants sous le patronage du président Andrzej Duda – se tiennent à l'occasion du 75e anniversaire de la création de Brygada Swietokrzyska (Brigade des montagnes de la Sainte croix).

L'organisation de ces cérémonies est une insulte à la mémoire de tous les citoyens polonais tués dans la lutte contre les Allemands

Le grand rabbin a rejeté l'invitation du ministre Jan Kasprzyk à ces cérémonies, et a fait suivre sa réponse à la présidence. «L'organisation de ces cérémonies est une insulte à la mémoire de tous les citoyens polonais tués dans la lutte contre les Allemands. Je considère comme une insulte personnelle le fait d'être invité à y participer. Shalom. Michael Schudrich», a-t-il affirmé dans une déclaration citée par le quotidien Gazeta Wyborcza.

Un patronage polémique

Le patronage présidentiel, annoncé la semaine dernière, a provoqué des vives critiques en Pologne. 

Le 7 août, le ministre des Anciens combattants a rejeté les accusations de collaboration formulées à l'égard de la l'unité controversée. «Brygada Swietokrzyska n'a jamais collaboré avec les Allemands», a assuré Jan Kasprzyk à la télévision publique TVP.

Brygada Swietokrzyska a fait partie de Forces armées nationales (NSZ), importante organisation militaire clandestine nationaliste et anticommuniste qui pendant la Seconde guerre mondiale a combattu les nazis, mais également l'Armée rouge et la résistance anti-allemande communiste polonaise.

Après l'entrée de l'Armée rouge en Pologne, cette brigade, qui comptait à l'époque entre 850 et 1 400 hommes, a refusé de se joindre à la principale organisation clandestine, l'Armée de l'Intérieur (AK), appuyée par le gouvernement polonais en exil à Londres, avant de se réfugier finalement en Allemagne. Elle reste souvent accusée d'avoir entamé une collaboration avec les nazis contre l'URSS.

Pour Michael Schudrich, les NSZ, ouvertement anticommunistes, «tuaient des Allemands, des Russes et des Juifs». «Il y a beaucoup d'autres héros polonais, nous n'avons pas besoin de choisir ceux qui ont tué d'autres Polonais, et dans ce cas-là, nombre de gens de religion juive», a-t-il dit, évoquant «un certain niveau de collaboration» de la Brigade avec les Allemands, et qualifiant les cérémonies de «révisionnisme historique dangereux».

En février 2018, le Premier ministre conservateur Mateusz Morawiecki a été le premier responsable polonais à déposer des fleurs sur les tombes des soldats de la Brigade près de Munich, provoquant un tollé en Pologne et en Israël.

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