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Un nouveau casting européen qui divise dans l'Hexagone

Les politiques français n'ont pas tardé à réagir à l'annonce du choix des personnalités qui occuperont, durant la prochaine législature, les postes clefs de l'Union européenne. Si la gauche française se montre sceptique, LREM et LR semblent ravis.

La nouvelle a été rendue publique le 2 juillet dans la journée. Les dirigeants européens se sont mis d’accord sur un nouvel organigramme pour diriger l’Union européenne (UE) : la ministre allemande, Ursula von der Leyen prendra la tête de la Commission européenne, Christine Lagarde celle de la Banque centrale européenne (BCE), le Premier ministre belge Charles Michel devient président du Conseil européen et le socialiste espagnol Josep Borrell pilotera la diplomatie européenne.

La gauche vent debout

Des nominations loin de satisfaire dans l’Hexagone, surtout à gauche. Le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, y voit une preuve de faiblesse de la part du président français Emmanuel Macron. «Macron a encore cédé ! Une ministre allemande de droite à la tête de la Commission européenne. Une féroce amie de l’OTAN et de l’obsession anti-russe. Quel gâchis !», a-t-il souligné sur son compte Twitter. Néanmoins, la ministre allemande de la Défense avait été proposée par le président français.

De son côté, Manuel Bompard, député européen LFI, a ironisé sur le successeur de Jean-Claude Juncker, ne manquant pas d’égratigner celui qui dirigeait la Commission depuis juillet 2014. «L’ex-ministre de la défense allemande remplace l’ex-premier ministre du Luxembourg à la tête de la commission européenne. Une championne de l’OTAN succède à un spécialiste de l’évasion fiscale. Macron cède à nouveau à Merkel et les peuples européennes eux continuent de trinquer», a-t-il fustigé également sur le réseau social.

Toujours chez LFI, le député Bastien Lachaud a remis en cause les qualités de gestionnaire d’Ursula von der Leyen au sein de l’exécutif allemand. «En Allemagne, une commission parlementaire enquête sur la gestion opaque d’Ursula von der Leyen au ministère de la défense, qui aurait dilapidé des millions d’euros d’argent public pour des consultants extérieurs. Après le fraudeur Jean-Claude Juncker, la Commission européenne, caricature de la caste», a-t-il expliqué, toujours sur Twitter.

Le membre de la Commission Défense et Forces armées à l’Assemblée nationale a également regretté la nomination de Christine Lagarde. «Condamnée par la cour de justice de la République dans l’affaire de l’arbitrage Tapie, mais dispensée de peine pour sa "réputation internationale" : avec Christine Lagarde à la présidence de la BCE, l’impunité de l’oligarchie règne décidément au cœur de l’UE», a-t-il ironisé.

L’eurodéputé Europe Ecologie Les Verts, Yannick Jadot, a pour sa part critiqué «un casting médiocre, un pathétique arrangement entre Merkel PPE Macron Libéraux et Sanchez Socialistes» définissant ce choix comme «une défaite pour l’Europe et la démocratie.

« C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe car ce sont des personnalités de second rang […] On ne voit ni l’intérêt de l’Europe, ni l’intérêt de la démocratie ni celui du Parlement européen», a-t-il ajouté.

Le gouvernement et la droite aux anges

La secrétaire d’Etat Marlène Schiappa y voit, elle, un «moment historique». «Deux femmes à la tête de l’Europe, grâce au président Emmanuel Macron qui a fait de la parité un enjeu de ces nominations. Rappelons aussi les grandes compétences de Christine Lagarde», a-t-elle déclaré sur Twitter. Rappelons également que l’ancienne ministre de l’Economie avait été condamnée pour négligence en 2016 par la Cour de justice de la République dans l’arbitrage concernant l’affaire Tapie. Elle risquait un an de prison et 15 000 euros d'amende mais avait été dispensée de peine.

Même son de cloche chez Virginie Calmels, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine, pour qui Christine Lagarde serait un «très bon choix», celle-ci bénéficiant de «toute l'expérience et le tempérament pour piloter la BCE». Elle y voit «un atout considérable pour l'Europe».

L'ancienne ministre de l'Agriculture a annoncé, sur Twitter, son intention de «quitter provisoirement [ses] fonctions de DG du FMI durant la période de nomination». Elle avait été reconduite en 2016 pour un nouveau mandat de cinq ans.

Bruno Le Maire, Franck Riester, Muriel Pénicaud ou encore Stéphane Séjourné se sont également tous réjouis de ces nominations y voyant une victoire du président. Le minstre de l'Economie a qualifié Christine Lagarde de «candidate parfaite pour succéder au formidable Mario Draghi».

Chez les Républicains (LR), la nouvelle a également été plutôt bien accueillie. Jean Léonetti, maire LR d'Antibes-Juan-Les-Pins, a mis en avant «la solidité du PPE» qui «a fait respecter la démocratie». L'ancien ministre des Affaires européennes a tenu à saluer Joseph Daul, président du PPE, pour «ce résultat».

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a tenu à féliciter son «amie Christine Lagarde» qui «casse un nouveau plafond de verre à la tête de la BCE» la présentant comme «une formidable Grande Argentière Européenne» et mettant en avant une «nomination [qui] nous remplit de fierté».

L'ancienne ministre du budget s'est par ailleurs félicité de la nomation d'Ursula Von der Leyen. «Un 2e bastion masculin saute au bénéfice d’une femme politique au parcours irréprochable qui a su mener de front vie privée et vie familiale. Elle est un exemple!», a-t-elle affirmé.

Enfin, cité par Reuters, le désormais ancien président du Conseil européen Donald Tusk s'est réjoui d'une parfaite égalité des genres dans cette nouvelle équipe. «L'Europe est une femme», a-t-il résumé.

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