Les débats vont bon train depuis qu'une vidéo (non datée) a fait surface sur les réseaux sociaux, montrant des enfants danois initiés à la prière islamique par un de leurs petits camarades de classe, dans une école de la municipalité de Vejle.
La séquence montre une vingtaine d'enfants, pour la plupart déchaussés, suivant les prescriptions d'un enfant d’origine soudanaise leur montrant comment faire la prière rituelle quotidienne. On y distingue notamment les élèves et leur institutrice proclamer Allahou Akbar (Dieu est grand) et s'agenouiller.
L'école renvoie à la «découverte de l'autre»
Les voix des conservateurs ont fustigé un «endoctrinement coranique» tandis que le principal de l'école de Thyregod, Gert Hougaard, a défendu cet événement dans la presse locale, le replaçant dans le contexte de la semaine de la «découverte de l'autre», au cours de laquelle des élèves de différentes origines ont eu l'occasion de partager leur culture.
«Si l'on s'en tient à la législation, il est établi que nous devons répandre la connaissance des différentes religions, y compris dans leur dimension pratique. Alors oui, je pense que c'était une bonne manière d'enseigner la religion aux enfants», a-t-il justifié. Et le principal de donner davantage d’éléments contextuels : «Par exemple, un enfant d'origine polonaise a offert de la nourriture venue de Pologne. Un autre jour de cette semaine-là, l'enfant que vous voyez sur la vidéo a voulu expliquer à ses camarades comment il priait.»
Un parent d'élève, présent le jour de cette prière, a lui aussi réagi : «Les enfants sont originaires de neuf pays différents, et le garçon venu du Soudan a choisi de montrer comment on pratique lorsqu'on est musulman [...] Il n'y a rien de mystérieux ou de dérangeant dans cette séquence. Une des volontés de l'enseignant de cette classe est que les élèves acquièrent une meilleure compréhension des origines de leurs camarades de classe.»
Mais sur les réseaux sociaux, où la vidéo a été visionnée des dizaines de milliers de fois dans le monde entier (parfois partagée accompagnée de fausses informations), les appels à la démission de l'enseignante et de la hiérarchie de l'école ont afflué.
Stephen Morris, membre du parti des démocrates britanniques, a débattu de cette polémique avec le chef exécutif de la fondation Ramadhan, Mohamed Shafiq, au cours d'un débat sur RT.
«C'est une chose de leur apprendre et de leur montrer, mais c'en est une toute autre de les faire vraiment prier. Je n'attends pas des musulmans qu'ils essaient le rituel catholique et aillent à l'église», a estimé Stephen Morris.
C'est une chose de leur apprendre et de leur montrer, mais c'en est une toute autre de les faire vraiment prier
«Je trouve que la réaction a été démesurée», a rétorqué Mohamed Shafiq. «Et elle vient toujours des mêmes : ceux qui se jettent sur tout ce qui peut paraître négatif et peuvent attaquer la foi islamique ou la communauté musulmane», a-t-il dénoncé, ajoutant qu'apprendre les différentes fois dans une société multiculturelle formait des «sociétés cohésives».
«La responsabilité d'expliquer les religions aux élèves revient à l’école», a convenu Stephen Morris. «Les faire prier activement, c'est une violation de la convention européenne des droits de l'homme. Cela n'aurait pas dû être fait et la réaction de l'école montre bien qu'ils avaient tort», a encore estimé Stephen Morris à l'antenne.