La joute verbale continue de se poursuivre entre Paris et Rome sur la question migratoire. Ce 30 juin, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a ainsi tancé les autorités françaises, lançant sur Twitter : «Et vu que le gouvernement français est si généreux, au moins en paroles, avec les immigrés, nous enverrons les éventuels prochains bateaux vers Marseille».
Dans des propos similaires rapportés par l'AFP, le ministre italien avait expliqué n'avoir «pas de leçons [à recevoir] de qui que ce soit et de la France en particulier», et avait ajouté : «Puisque l’Élysée a déclaré que "tous les ports étaient ouverts", nous indiquerons Marseille et la Corse comme destination.»
Par ces déclarations, le ministre italien répondrait-il à Sibeth Ndiaye ? Plus tôt le 30 juin, la porte-parole du gouvernement français, interrogée sur la question des migrants en méditerranée et notamment sur l'affaire du Sea-Watch, avait en effet déploré sur LCI «une stratégie d'hystérisation» mise en place selon elle par les autorités italiennes. Dans la même veine, elle avait accusé le natif de Milan de verser dans l'«instrumentalisation» politique de cette question. Sibeth Ndiaye avait en outre affirmé que, depuis le début de la crise migratoire, l’Italie avait bénéficié d’environ «un milliard d’euros d’aide de l’Union européenne».
Et de poursuivre : «Donc là où monsieur Salvini instrumentalise politiquement des trajectoires et des faits qui sont douloureux en expliquant que la France et l'Union européenne ne sont pas solidaires, moi je lui réponds par des chiffres.»
L'arrestation de Carola Rackete ravive les tensions
Prônant une politique anti-immigration, les autorités italiennes se sont récemment opposées au débarquement du navire Sea-Watch à bord duquel se trouvaient, depuis 17 jours, 40 migrants. Malgré le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le vice-président du Conseil italien, la capitaine allemande de l'embarcation, Carola Rackete, avait décidé de forcer le passage dans la nuit du 28 eu 29 juin pour accoster sur l'île italienne de Lampedusa. Un incident qui lui a valu d'être arrêtée lorsqu'elle a posé pied à terre, ce qui a déclenché une vague de réactions diamétralement opposées à gauche et à droite du spectre politique.
Matteo Salvini s'était immédiatement félicité de l'arrestation de la «capitaine hors-la-loi» – qu'il avait par ailleurs qualifiée d'«emmerdeuse» – et du placement sous séquestre de son «navire pirate». Mais, son action a fait l'objet de critiques sur la scène européenne. Outre Paris, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a demandé une «clarification rapide» des accusations pesant contre Carola Rackete, estimant que «sauver des vies [était] une obligation humanitaire» et que le sauvetage en mer ne devait pas «être criminalisé».