Trois jours après avoir forcé le blocus des eaux territoriales italiennes, le Sea-Watch, qui avait été contraint par les autorités à s'arrêter en face du port de Lampedusa, a finalement choisi de forcer le passage dans la nuit du 28 eu 29 juin pour accoster, faisant débarquer les 40 migrants bloqués à son bord depuis 17 jours. Un incident qui a valu à sa capitaine, Carola Rackete, d'être arrêtée lorsqu'elle a posé pied à terre, ce qui a déclenché une vague de réactions diamétralement opposées sur les réseaux sociaux.
Dans le sillage du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, qui s'était immédiatement félicité de l'arrestation de la «capitaine hors-la-loi» – qu'il avait par ailleurs qualifiée d'«emmerdeuse» – et du placement sous séquestre de son «navire pirate», le Rassemblement national (RN) a salué l'attitude des autorités italiennes.
«La capitaine du Sea-Watch veut imposer des migrants aux Européens en violant toutes les lois italiennes ? Matteo Salvini siffle la fin de la récréation et la fait arrêter ! Quand on veut lutter contre l’immigration sauvage, on peut ! La preuve par les actes !», a ainsi réagi l'eurodéputé RN Jordan Bardella.
«L'impunité des ONG pro-migrants, c'est TERMINÉ !!», s'est exclamé l'eurodéputé du Rassemblement national Nicolas Bay, félicitant chaleureusement Matteo Salvini au passage.
Pour le maire de Béziers Robert Ménard, Carola Rackete est une «délinquante» et «doit être traitée comme telle». «L'objectif de ces militants est de détruire les souverainetés nationales. Tolérance zéro avec ces gens-là», a-t-il déclaré dans un message sur Twitter.
«L'honneur de l'Europe»
Le son de cloche est bien entendu très différent de l'autre côté de l'échiquier politique. Le journaliste politique Edwy Plenel, dont, c'est bien connu, le cœur balance à gauche, a ainsi estimé que le nom de la capitaine du Sea-Watch, Carola Rackete, resterait «comme l’honneur de l’Europe».
Le député Matthieu Orphelin, anciennement à La République en marche, désormais non-inscrit, a quant à lui apporté son soutien à Carola Rackete, jugeant que Matteo Salvini faisait «honte à l'Europe».
«Carola Rackete capitaine du Sea-Watch a été arrêtée par le régime fasciste de [Matteo] Salvini. Le silence de l'immense majorité de la classe politique confirme qu'elle a plus de dignité que tou.te.s celles et ceux qui sont aux ordres de l'Europe des frontières xénophobe. Respect à elle», a pour sa part déclaré Madjid Messaoudene, conseiller municipal de Saint-Denis.
Carola Rackete risquerait jusqu'à 10 ans de prison. Estimant que les Européens ont permis «de construire un mur en mer», la jeune femme affirme : «Je suis prête à aller en prison pour [me battre contre cela] et à me défendre devant les tribunaux s'il le faut parce que ce que nous faisons est juste.»