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Philippe et Medvedev rappellent leur attachement à la liberté de la presse

Interrogés sur les accusations de diffusion de fake news par des sources russes lors des européennes, les chefs du gouvernement français et russe se sont dits tous deux attachés à la diversité de la presse et au respect des souverainetés nationales.

«La France est attachée à deux principes sur lesquels elle ne veut pas tergiverser ou barguigner : la liberté de la presse - c'est un principe constitutionnel, c'est un principe de liberté, c'est un principe démocratique, nous y sommes extrêmement attachés - et la souveraineté de la France», a déclaré le Premier ministre français Edouard Philippe lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Dmitri Medvedev ce 24 juin. Et d'ajouter : «Autrement dit, tous les journalistes peuvent bénéficier de la liberté de la presse et nous serons évidemment intransigeants avec toute tentative, d'où qu'elle vienne, sous quelque forme qu'elle soit, qui viendrait à perturber de l'extérieur des processus démocratiques qu'ils soient nationaux ou européens. Et en vous disant cela, j'ai le sentiment d'exprimer une position de bon sens.»

Le Premier ministre français répondait à une double question formulée par le journaliste Olivier Faye, du Monde, en fin de conférence de presse. La première portait sur un rapport de la Commission européenne publié ce mois-ci évoquant le fait que des «sources russes» auraient diffusé de fausses nouvelles dans le cadre de la campagne des européennes pour tenter de peser sur les résultats. Le rapport, publié le 14 juin, notait néanmoins que ces fameuses sources ne seraient pas identifiées.

«Il y a eu une tendance constante de la part de ces acteurs [non identifiés donc] malveillants à utiliser la désinformation pour promouvoir des points de vue extrêmes et polariser les débats locaux, y compris par des attaques sans fondement contre l'UE», peut-on lire dans le rapport. Pour autant, selon les autorités bruxelloises, il n'a pas été mis à jour à proprement parler de «campagne de désinformation transfrontalière spécifique de la part de sources extérieures» visant les élections européennes. 

Le chef du gouvernement russe Dmitri Medvedev, qui n'a pas pu entendre cette question en raison d'un problème de traduction, a proposé qu'elle soit formulée une nouvelle fois. Puis de répondre : «Nous n'avons pas traité cette question aujourd'hui ; en ce qui concerne cette question, toute source d'information, tout média doit premièrement agir dans le respect du cadre juridique. S'il s'agit du cadre juridique français, ces médias doivent respecter les règles françaises ; si vous parlez du champ juridique russe, ils doivent respecter la législation russe. Tout le reste, ce sont des questions de professionnalisme, de formulation des positions personnelles, de sympathie ou d'antipathie de tel ou tel journaliste qui travaille dans ce domaine. D'une manière générale, le journalisme est toujours pour une part subjectif, donc les avis les plus divers peuvent être donnés sur telle ou telle situation. Il faut que [cette diversité] puisse s'exprimer conformément à la loi.»

RT et Sputnik toujours discriminés par l'Elysée

La seconde question d'Olivier Faye du Monde était spécifiquement adressée à Edouard Philippe : il lui était demandé s'il avait partagé avec son homologue russe la position exprimée par Emmanuel Macron il y a deux ans sur les médias RT et Sputnik. A Versailles, en présence de Vladimir Poutine, le président français avait accusé ces deux médias d'être des «organes de propagande». Une forme d'explication sur les discriminations qu'ont connues RT et Sputnik de la part des équipes d'En Marche ! durant la campagne présidentielle, puis de la part de l'Elysée et de la majorité présidentielle après l'élection d'Emmanuel Macron.

Si Edouard Philippe a martelé à cette occasion son attachement à la liberté de la presse, il est à noter que RT et Sputnik ne sont toujours pas acceptés par l'Elysée. Et si le reporter de RT France Thomas Bonnet a pu assister à la conférence de presse des deux Premiers ministres ce 24 juin, lors de laquelle il a posé une question au chef du gouvernement français, c'est parce qu'il a été accrédité par la partie russe.

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