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Présidence de la Commission européenne: échec des négociations sur fond d'opposition Macron-Merkel

Les âpres négociations entre les dirigeants des 28 pour trouver un successeur à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne se heurtent à l'opposition entre Emmanuel Macron et Angela Merkel sur le principe de «Spitzenkandidat».

Comme le laissait présager les divisions entre Paris et Berlin sur le sujet depuis des semaines, les négociations engagées le 20 juin au sommet européen pour trouver une personnalité acceptable pour prendre la présidence de la Commission se trouvent dans l'impasse.

«Hier j'étais prudemment optimiste. Aujourd'hui je suis davantage prudent qu'optimiste», a ainsi confié dans un tweet le président du Conseil Donald Tusk– mandaté pour trouver un accord entre les chefs d'Etats et le Parlement – avant d'annoncer la convocation d'un sommet de crise pour le 30 juin.

Si aucun des prétendants en lice ne fait consensus parmi les dirigeants des 28, c'est bien parce qu'Angela Merkel et Emmanuel Macron s'opposent sur la méthode du désignation du candidat. Le chef d'Etat français souhaite remettre en cause le principe de «Spitzenkandidat» (c'est-à-dire l'automaticité pour la candidature des chefs de file des partis), auquel reste très attachée la chancelière allemande.

«Nous avons une différence d’approche systémique», résume Annegret Kramp-Karrenbauer, dauphine désignée d’Angela Merkel à Berlin. Un conflit dont l’Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE, le parti arrivé en tête le 26 mai, et «Spitzenkandidat» soutenu par Angela Merkel, pourrait faire les frais.

Socialistes et centristes se rallient à Macron

Emmanuel Macron, qui ne veut pas voir l'Allemand présider la Commission européenne, est en effet parvenu à rallier à sa cause les chefs des groupes Socialiste et centriste Renew Europe au Parlement européen. Ces derniers ont fait savoir le 20 juin qu'ils ne soutiendraient pas Manfred Weber en cas de vote, infligeant un véritable camouflet à Angela Merkel en ouverture du sommet.

Le chef d'Etat français, qui considère le système de «Spitzenkandidat» «bancal» parce qu'il «favorise la cuisine interne des partis», s'est dit satisfait du lâchage de Manfred Weber. Bien qu'affaiblie, Angela Merkel n'a pas dit son dernier mot et a réaffirmé son soutien au système, estimant possible de faire revenir socialistes et centristes sur leur position d'ici le 30 juin.

Malgré ces divergences sur les noms, un accord se dessine pour la répartition des quatre postes de pouvoir. Le PPE, premier groupe au Parlement, revendique la présidence de la Commission européenne, et cette exigence n'est pas contestée mais il faudra donc un autre candidat que Manfred Weber. Les Libéraux veulent la présidence du Conseil européen et les Socialistes obtiendraient le poste de chef de la diplomatie européenne et se partageraient les cinq années du mandat de présidence du Parlement avec les Verts, à raison de deux ans et demi chacun.

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