Coutumier des discours traitant de la situation politique de l’Algérie depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah – devenu de facto l’homme fort du pays – a suscité un tollé notamment sur les réseaux sociaux, en raison de propos tenus le 19 juin. Alors qu’il réaffirmait l’engagement de l’armée à protéger le peuple algérien et à garantir la sécurité du pays «en toutes circonstances», le patron de l’armée a fustigé la présence de drapeaux autres que celui de la nation algérienne lors des manifestations.
L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau
«Il m’appartient également en cette occasion d’attirer l’attention sur une question sensible, à savoir la tentative d’infiltrer les marches et porter d’autres emblèmes que notre emblème national par une infime minorité. L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau, pour lequel des millions de Chouhada [martyrs] sont tombés. Un emblème unique qui représente le symbole de souveraineté de l’Algérie, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son unité populaire. Il est inacceptable de manipuler les sentiments et émotions du peuple algérien», prévient-il avant d’annoncer que «des instructions strictes» avaient été données aux forces de l’ordre pour «une application rigoureuse des lois en vigueur». Selon lui, ces dispositions permettront de «contrer tous ceux qui tenteraient à nouveau de toucher aux sentiments des Algériens dans cette question sensible».
Le patron de l’armée algérienne n’a pas précisé à quelles lois exactement il faisait référence exactement. Pour autant, ces propos ont rapidement été interprétés comme une attaque à peine voilée à l’égard des Algériens berbérophones qui représentent entre 20 et 30% de la population du pays. Nombre de ces derniers ont, ces dernières semaines, brandi des drapeaux berbères au cours des manifestations hebdomadaires contre le pouvoir.
Cette sortie du général algérien intervient alors que le pays ne parvient pas à sortir de l'impasse politique. Si Ahmed Gaïd Salah met en garde contre toute transition hors du cadre constitutionnel, estimant qu'elle aboutirait à la «destruction des fondements de l'Etat», l'opposition et les représentants de la société civile jugent inévitable la mise en place de nouvelles institutions afin de remettre à plat un système politique qu'elle honnit.