Ce 19 juin, les enquêteurs sur le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l'Ukraine en 2014, ont révélé publiquement les noms et visages de quatre suspects (trois Russes et un Ukrainien), pourtant présumés innocents jusqu'à l'ouverture du procès, qui débutera le 9 mars 2020 aux Pays-Bas.
Ils sont accusés d'avoir transporté le système ayant servi à envoyer le missile sur l'avion, mais ne sont pas, selon les enquêteurs ceux qui «ont appuyé sur le bouton».
«Le bureau du procureur néerlandais soupçonne que c’est en raison d’actions de ces personnes que l’avion du vol MH17 a été abattu. Bien que ce ne soient pas ces personnes précises qui aient appuyé sur le bouton, on sait qu’elles ont été impliquées directement dans les activités ayant visé à faire venir sur le territoire ukrainien des systèmes antiaériens BUK dont un a abattu l'avion», a expliqué un responsable de l'équipe internationale conduite par les Pays-Bas lors d'une conférence. Les enquêteurs ont précisé espérer retrouver les vrais coupables.
L'équipe a ajouté que des mandats d'arrêt internationaux seraient diffusés contre ces quatre personnes considérées comme «complices», et poursuivies pour meurtre, tout en précisant avoir peu d'espoir que les suspects se présentent à leur procès l'année prochaine.
Selon les enquêteurs, l'un des suspects, Igor Guirkine, était un ancien colonel du FSB ayant été ministre de la Défense de la république autoproclamée de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, en 2014. Un autre, Sergueï Doubinsky, aurait dirigé le renseignement militaire de cette même république. Oleg Poulatov, également cité par les enquêteurs, aurait lui aussi eu un poste au sein du renseignement militaire à Donetsk, tout comme l'Ukrainien Léonid Kartchenko. Les trois Russes se trouveraient actuellement en Russie, selon les enquêteurs. L'Ukrainien se trouverait pour sa part dans l'est de l'Ukraine.
L'équipe menée par les Pays-Bas pointe en outre du doigt la Russie, qu'elle accuse d'avoir fourni le missile ayant abattu le vol MH17.
Moscou écarté de l'enquête
Désigné par les enquêteurs internationaux comme l'un des complices, le Russe Igor Guirkine a démenti. «Tout ce que je peux dire, c'est que le Boeing n'a pas été abattu par les rebelles [de l'est ukrainien]», a-t-il affirmé, cité par l'agence de presse russe Interfax.
Avant l'intervention de l'équipe d'enquêteurs, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par Reuters, avait déploré que son pays ait été tenu à part de cette enquête à vocation internationale (qui comprend pourtant l'Ukraine) : «La Russie n'a pas été en mesure de participer à l'enquête malgré un intérêt exprimé dès le début et des tentatives d'y prendre part.»
Les autorités russes ont pourtant eux aussi livré des éléments à la connaissance du public, par le passé.
Lors d'une conférence de presse le 17 septembre, le ministère russe de la Défense avait ainsi affirmé que les numéros de série retrouvés sur les débris du missile ayant abattu le vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l'Ukraine montraient que l'arme avait été produite en 1986 et appartenait à l'Ukraine.
Selon des documents présentés par la Défense russe, le missile aurait plus précisément appartenu à un régiment de la défense anti-aérienne ukrainienne. Moscou avait dit, à l'époque, avoir soumis les documents aux investigateurs néerlandais.
Le vol MH17 a été abattu le 17 juillet 2014 au-dessus de l'Est de l'Ukraine, avant de s'écraser dans la partie du pays tenue par les rebelles. 283 passagers et 15 membres de l'équipage, pour la plupart néerlandais, ont perdu la vie dans le drame.