International

Russie : levée des poursuites contre le journaliste Ivan Golounov accusé de trafic de drogue

Le ministère de l'Intérieur russe a fait savoir que les poursuites pour trafic de drogue entreprises contre le journaliste Ivan Golounov étaient abandonnées et que son assignation à résidence allait être levée.

«Golounov sera libéré aujourd'hui [le 11 juin] de son assignation à résidence et les accusations sont abandonnées», a déclaré le ministre de l'Intérieur russe Vladimir Kolokoltsev, dans un communiqué, au sujet du journaliste d'investigation Ivan Golounov, qui était inculpé depuis le 8 juin pour tentative de trafic de drogue et se trouvait en résidence surveillée

Le ministre a également fait savoir que les policiers ayant procédé à l'arrestation ont été suspendus de leurs fonctions dans le cadre d'une enquête interne. La justice russe devra évaluer «la légalité des actions des policiers qui ont interpellé» le journaliste le 6 juin à Moscou et qui affirmaient avoir trouvé d'importantes quantités de drogue dans son sac à dos puis au cours d'une perquisition dans son appartement.

Deux hauts responsables de la police seront par ailleurs limogés : le général de la police Andreï Poutchkov, responsable des forces de l'ordre dans le district ouest de la capitale russe, et le général Iouri Deviatkine, qui dirige l'antenne moscovite du Département de la lutte contre le trafic de drogue. 

«Les droits de tout citoyen, indépendamment de son activité professionnelle, doivent toujours être protégés», a par ailleurs déclaré le ministre.

L'arrestation et l'inculpation du journaliste avaient déclenché une vague d'indignation en Russie, trois quotidiens nationaux, VedomostiKommersant et RBK ayant notamment publié le 10 juin une Une identique titrée : «Je suis/Nous sommes Ivan Golounov». 

Une marche de soutien au journaliste était prévue pour le 12 juin dans le centre de Moscou, tandis qu'une pétition exigeant sa libération a obtenu près de 180 000 signatures.

RSF appelle à juger les responsables de «ce coup»

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a salué une «mobilisation historique de la société civile» pour la défense du journaliste. 

«Désormais, ceux qui ont essayé de monter ce coup contre lui doivent être jugés. Nous restons mobilisés pour les autres journalistes détenus en Russie», a ajouté RSF sur Twitter.

De son côté, l'employeur d'Ivan Golounov, le site d’information indépendant Meduza, a déclaré : «Nous sommes ravis que le pouvoir ait entendu la société. C'est ce qu'il doit se passer quand une injustice se produit.»

Par ailleurs, un porte-parole l'Union européenne a qualifié la décision de la justice russe d'«issue positive», mais a considéré que «sa détention puis son assignation à résidence n'ont fait qu'aggraver une tendance déjà inquiétante en ce qui concerne la liberté de la presse dans la Fédération de Russie».

Lire aussi : Russie : indignation après l'arrestation d'un journaliste d'investigation à Moscou