La mobilisation pour le journaliste Ivan Golounov s’organise en Russie : trois quotidiens nationaux, Vedomosti, Kommersant et RBK ont publié ce 10 juin une Une identique titrée : «Je suis / Nous sommes Ivan Golounov.» Le cas de ce journaliste russe d’investigation, inculpé le 8 juin pour tentative de trafic de drogue, suscite en effet l'indignation en Russie. Il avait été interpellé le 6 juin à Moscou avec quatre grammes de méphédrone, une drogue de synthèse, retrouvés dans son sac à dos, selon les autorités. Il a depuis été assigné à résidence.
Nous estimons que les preuves de culpabilité d’Ivan Golounov fournies par les enquêteurs ne sont pas convaincantes
Dans une déclaration commune, les trois journaux ont appelé au respect du droit de la presse : «Nous demandons une enquête détaillée sur la conformité avec la loi des actions des agents du ministère de l’Intérieur impliqués dans l’arrestation d'Ivan Golounov et nous insistons pour que les détails de cette enquête soient fournis aux médias. Nous attendons de la part des services d’application de la loi qu'ils respectent strictement la loi et nous demandons une transparence maximale dans la conduite de l’enquête. Nous considérons que le respect de ces exigences est essentiel non seulement pour la communauté de la presse en Russie, mais aussi pour la société russe dans son ensemble.»
Et d'ajouter : «Nous estimons que les preuves de la culpabilité d’Ivan Golounov fournies par les enquêteurs ne sont pas convaincantes et que les circonstances de son arrestation font redouter que celle-ci ne se soit déroulée en violation de la loi.»
Le Kremlin dit suivre l'affaire «avec une grande attention»
De son côté, le même jour, le Kremlin a assuré suivre de près l’affaire en cours. «Je peux simplement vous dire que le président [Vladimir Poutine] a été tenu au courant de cette affaire vendredi [le 7 juin] à Saint-Pétersbourg. On lui a dit que cette affaire faisait beaucoup de bruit. Comme vous le savez, le Kremlin n’a pas le droit de commenter les affaires de ce genre et ne fera pas non plus de commentaires cette fois-ci. Mais compte tenu du fait que cette affaire a fait beaucoup de bruit, nous en suivons tous les aspects avec une grande attention», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov aux journalistes. Celui-ci a ajouté qu'un certain nombre de questions devaient être éclaircies.
«Le principal est que cette affaire permette de vérifier l'activité du bureau du Procureur général et d’autres institutions au sein du ministère de l’Intérieur, afin de mettre en lumière les violations ou l’absence de violations», a-t-il ajouté.
Dans une lettre ouverte, des centaines de journalistes russes ont exigé qu'Ivan Golounov soit immédiatement relâché, le disant victime d'une «grossière et ridicule provocation». «Les autorités doivent répondre à toutes les questions que la société se pose sur cette arrestation. Pour la simple raison que la société en a vraiment, vraiment beaucoup», avait pour sa part commenté la rédactrice en chef monde de RT, Margarita Simonian.
Ivan Golounov est principalement connu pour ses enquêtes relatives aux affaires de corruption. Il a en outre écrit des articles sur les escroqueries dont se sont rendues coupables des entreprises de microcrédit, sur la crise des déchets à Moscou, ou encore sur le partage mafieux de l'activité économique des cimetières.
Soupçonné de «trafic de drogue», Ivan Golounov encourt jusqu'à 15 ans de prison.