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Russie : indignation après l'arrestation d'un journaliste d'investigation à Moscou

Ivan Golounov, journaliste d'investigation russe réputé, a été inculpé pour tentative de trafic de drogue après avoir été interpellé avec quatre gramme d'une drogue de synthèse sur lui. Son arrestation a déclenché une vague d'indignation.

Le journaliste d'investigation russe Ivan Golounov a été inculpé ce 8 juin pour tentative de trafic de drogue. Il avait été interpellé le 6 juin à Moscou avec quatre grammes de méphédrone, une drogue de synthèse, retrouvés dans son sac à dos, selon les autorités. Au cours d'une perquisition à son domicile, d'autres sachets contenant des stupéfiants et une balance ont également été découverts, selon un communiqué de la police.

La police russe a annoncé peu après son inculpation qu'Ivan Golounov avait été admis dans un hôpital de Moscou après s'être «senti mal» pendant sa détention. Il a depuis été placé en résidence surveillée selon son avocat Pavel Tchikov.

L'arrestation de ce journaliste réputé, qui travaille actuellement pour le média indépendant en ligne Meduza, a été dénoncée avec force par son avocat Dmitri Djoulaï, qui estime qu'il s'agit d'un coup monté. Cité par les médias russes, Dmitri Djoulaï a soulevé plusieurs points troubles du dossier : selon lui, les autorités ont refusé de prendre des échantillons des ongles du journaliste pour déterminer s'il avait oui ou non touché la drogue. Dans son témoignage, le journaliste a insisté sur le fait qu'il avait spécifiquement demandé à ce que ses échantillons d'ongles soient prélevés, soulignant que sa demande avait été rejetée. Le ministère de l’Intérieur avance de son côté que c'est Ivan Golunov qui a refusé de fournir lesdits échantillons.

Autre source de controverse, le ministère de l'Intérieur a publié peu de temps après la détention du journaliste une série de photos de ce qu'elle a présenté comme des appareils artisanaux servant à fabriquer de la drogue de synthèse. Toutes – à l'exception d'une – ont toutefois été rapidement retirées, la police ayant reconnu qu'elles étaient liées à une autre affaire. L'avocat d'Ivan Golounov a par ailleurs fait savoir que ce dernier avait été frappé à deux reprises pendant sa détention, et présentait des marques de coups au visage.

Les autorités doivent répondre à toutes les questions que la société se pose sur cette arrestation

L'affaire a déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux russes, et au-delà. Une centaine de personnes, dont de nombreux confrères d'Ivan Golounov, se sont rassemblées le 7 juin devant le siège du ministère de l'Intérieur à Moscou pour protester contre son arrestation. Certains d'entre eux ont à cette occasion à leur tour été interpellés avant d'être libérés quelques heures plus tard.

Dans une lettre ouverte, des centaines de journalistes russes ont parallèlement exigé qu'Ivan Golounov soit immédiatement relâché, le disant victime d'une «grossière et ridicule provocation». «Les autorités doivent répondre à toutes les questions que la société se pose sur cette arrestation. Pour la simple raison que la société en a vraiment, vraiment beaucoup», a pour sa part commenté la rédactrice en chef monde de RT, Margarita Simonian.

«Nous sommes convaincus qu'Ivan Golounov est innocent. De plus, nous avons des raisons de croire que Golounov est poursuivi en liaison avec son activité journalistique», a réagi dans un communiqué la direction de Meduza, précisant que le journaliste avait «reçu des menaces ces derniers mois» en raison d'une enquête sur laquelle il travaillait.

Ivan Golounov est principalement connu pour ses enquêtes relatives aux affaires de corruption. Il a en outre écrit des articles sur les escroqueries dont se sont rendues coupables des entreprises de microcrédit, sur la crise des déchets à Moscou, ou encore sur le partage mafieux du business des cimetières.

Soupçonné de «trafic de drogue», Ivan Golounov encourt jusqu'à 15 ans de prison.

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