Vladimir Poutine a reçu ce 5 juin à Moscou le président chinois, Xi Jinping, pour donner «une nouvelle impulsion» à leur rapprochement de ces dernières années dans un contexte de tensions exacerbées avec les Etats-Unis. Les deux puissances ont affiché leur entente alors qu'elles traversent, pour des raisons différentes, une période difficile dans leurs relations avec les Américains.
La guerre commerciale opposant Pékin à Washington a en effet franchi un nouveau palier le week-end du 1er juin, la Chine ayant lancé à cette occasion une contre-offensive de sanctions assombrissant ses perspectives économiques. Les relations russo-américaines sont quant à elles toujours empoisonnées par les accusations d'ingérence électorale depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, bien que le rapport Mueller n'en ait trouvé aucune trace et que le président russe, Vladimir Poutine, ait annoncé qu'il souhaitait «rétablir des relations complètes» avec les Etats-Unis.
Ces dernières années, les relations entre la Russie et la Chine ont atteint un niveau sans précédent
Arrivé à la mi-journée à Moscou, Xi Jinping a été reçu par son homologue russe pour des pourparlers censés se solder par la signature d'une trentaine d'accords. «Je suis convaincu que cette visite aboutira à de nouveaux succès impressionnants» dans les relations bilatérales «qui ne se porteront que de mieux en mieux», a déclaré Xi Jinping au début de sa rencontre avec Vladimir Poutine dans le Grand palais du Kremlin.
«Ces dernières années, les relations entre la Russie et la Chine ont atteint un niveau sans précédent, y compris grâce à votre participation directe», a souligné pour sa part Vladimir Poutine, en exprimant la certitude que «cette visite [donnerait] une puissante impulsion supplémentaire au développement des liens bilatéraux».
La rencontre sera suivie d'une réception en l'honneur du dirigeant chinois puis d'une soirée au théâtre Bolchoï à l'occasion des 70 ans de l'établissement des relations entre les deux pays. Après son programme moscovite, Xi Jinping partira pour l'ancienne capitale des tsars, où il sera les 6 et 7 juin l'invité d'honneur du Forum économique de Saint-Pétersbourg, grand-messe russe du monde des affaires à laquelle 17 000 personnes sont attendues.
Cette visite d'Etat, le niveau le plus élevé des visites à l'étranger dans le protocole diplomatique, est «un événement crucial pour nos relations bilatérales», a assuré le chef d'Etat russe, en rappelant que l'Union soviétique avait été «le premier pays à reconnaître la République populaire de Chine, au lendemain de sa proclamation» en 1949.
Xi Jinping et Vladimir Poutine doivent signer à l'issue de leurs pourparlers à Moscou une déclaration commune sur «le renforcement des relations, du partenariat global et de la coopération stratégique, qui entrent dans une nouvelle ère», selon le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.
La traditionnelle «diplomatie du panda» chinoise sera également de mise, Xi Jinping devant offrir deux pandas géants au zoo de Moscou. Dans un contexte de fortes tensions entre la Russie et les Occidentaux, les échanges commerciaux entre Moscou et Pékin ont augmenté de 25% en 2018 pour atteindre un niveau record de 108 milliards de dollars, selon le Kremlin.
Moscou, dont l'économie est frappée par des sanctions européennes et américaines depuis 2014 en raison de la crise ukrainienne et du rattachement de la Crimée à la Russie par référendum, «est en train de se tourner réellement du marché européen vers le marché chinois», a constaté l'analyste russe Alexandre Gabouïev, du Centre Carnegie de Moscou.
La Chine est également devenue «un investisseur très important» dans l'économie russe et maintient ses financements publics comme privés en Russie au moment où le pays voit partir d'autres acteurs étrangers, notamment en raison des sanctions, a-t-il encore expliqué à l'AFP. Côté politique, l'entente entre ces deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, qui votent souvent à l'unisson, semble elle aussi au beau fixe.
«Les positions de la Russie et de la Chine sont très proches ou coïncident entièrement sur la plupart des dossiers internationaux» tels que le programme nucléaire nord-coréen, le conflit en Syrie, la crise au Venezuela ou encore l'accord nucléaire iranien, qui devraient être discutés lors de cette visite, a-t-il ajouté.
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