La tension est au plus haut entre Belgrade et Pristina sur fond d'affrontements dans le nord du Kosovo. Le président serbe a mis toutes les unités des forces armées serbes en état d'alerte le 28 mai après qu'une opération anti-criminalité menée à l'aube dans les quatre enclaves serbes du nord par les forces spéciales de la police a donné lieu à des échanges de tirs.
Des images publiées par la télévision kosovare montrent une imposante fumée noire dans le ciel tandis que des coups de feu se font entendre au loin sur ce qui semble être un des lieux de l'intervention.
Lors de cette opération, un policier kosovar a été blessé et hospitalisé sans que ses jours ne soient en danger, deux Serbes ont par ailleurs été légèrement blessés dans la commune de Zubin Potok où selon les médias les incident ont éclaté quand la police a entrepris de franchir des barricades érigées par les habitants. Des échanges de tirs ont eu lieu à cette occasion.
Les personnes arrêtées au cours de l'opération sont accusés de «contrebande» et de liens avec le «crime organisé», on ignore leur nombre exact. Quatre douaniers ont également été interpellés, selon leur administration.
La force internationale menée par l'Otan (Kfor) a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait «seulement d'une opération de police» consécutive «à des mandats d'arrêt délivrés par un tribunal de Pristina en relation avec une enquête de corruption».
Belgrade menace
Le président de Serbie Aleksandar Vucic a déclaré lors d'une réunion du Conseil de sécurité serbe que son pays était prêt à agir si la ROSU ne se retirait pas, selon RTS.
Le Président serbe a par ailleurs déclaré devant le Parlement que 23 personnes de nationalité serbe et bosniaque avaient été arrêtées à Pristina.
Ancienne province serbe, le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance en 2008 qui n'est pas reconnue par Belgrade. Le Kosovo est reconnu par quelque 110 pays, dont la plupart des nations occidentales. Mais la Russie et la Chine notamment s'y opposent, ce qui lui ferme la porte de l'ONU.
120 000 Serbes vivent toujours au Kosovo, majoritairement peuplé d'Albanais, dans le nord et dans une dizaine d'enclaves.
La diplomatie russe parle d'une «nouvelle provocation organisée par Pristina»
«Nous considérons que l’intrusion, le 28 mai au matin, de forces spéciales kosovares et albanaises dans les municipalités habitées par des Serbes [...] sont une nouvelle provocation organisée par Pristina dans le but d’intimider la population non-albanaise pour la chasser, et prendre ainsi le contrôle de ces zones», a notamment déclaré Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe en réaction l'opération menée par la police du Kosovo.
La porte-parole a par ailleurs déclaré que la date du lancement de l'opération, au lendemain de l'intervention du président serbe Aleksandar Vucic devant l’Assemblée nationale de son pays sur la question du Kosovo, «n’a pas été choisie au hasard».
Maria Zakharova a par ailleurs appelé les «protecteurs occidentaux de Pristina» à «ramener à la raison les extrémistes kosovards et albanais», pour enrayer l'aggravation du conflit.
Un russe arrêté, Moscou réclame sa libération
Le président serbe a par ailleurs annoncé devant le Parlement qu'un membre russe de la mission de l’Onu, figurait parmi les personnes arrêtées par la police kosovare.
«Parmi les personnes arrêtées figure le citoyen russe Mikhaïl Krasnoshchekov, membre de la mission MINUK [Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo]. Nous en avons informé les organes compétents russes», a-t-il annoncé.
«Nous sommes scandalisés par la provocation des autorités de Pristina contre le citoyen russe, membre du personnel de la MINUK, Mikhaïl Krasnoshchekov. Nous demandons de libérer immédiatement notre citoyen et de traduire en justice tous les responsables de cet incident», a réagi l'ambassadeur russe à Belgrade Alexandre Tchepourine sur Twitter.
Lire aussi : Moscou demande la libération immédiate d'un citoyen russe blessé au Kosovo