Deux Français ont été condamnés à mort ce 28 mai en Irak, ce qui porte à six le nombre de ressortissants de ce pays ayant écopé depuis deux jours de la peine capitale pour avoir rejoint Daesh.
Il s'agit de Brahim Nejara, 33 ans, accusé par le renseignement français d'avoir facilité l'envoi de djihadistes vers la Syrie, et de Karam El Harchaoui, presque 33 ans. Ils avaient été transférés fin janvier dernier depuis la Syrie, où ils étaient détenus par une alliance arabo-kurde antidjihadistes, vers l'Irak pour y être jugés.
Ces nouveaux verdicts interviennent après les condamnations à mort les 26 et 27 mai de Kévin Gonot, Léonard Lopez, Salim Machou et Mustapha Merzoughi. Tous ont 30 jours pour faire appel, et l'avocat français de Léonard Lopez a déjà annoncé qu'il le ferait.
Au juge qui l'interrogeait en arabe, Brahim Nejara a expliqué en français, avant qu'un traducteur reprenne ses propos : «Je suis parti de France en Syrie avec ma voiture en 2014», date à laquelle le calife autoproclamé de Daesh a appelé ses partisans à lui prêter allégeance. «Ma femme, ma fille et mon beau-frère étaient avec moi», a poursuivi l'homme cité par l'AFP.
Karam El Harchaoui, Français d'origine marocaine élancé et visiblement très stressé à la barre, s'est dit «innocent». «Je ne suis pas entré en Irak et je n'ai participé à aucun combat ni en Syrie ni en Irak», a clamé l'homme, crâne et barbe rasés.
La loi irakienne prévoit jusqu'à la peine de mort pour quiconque a rejoint une organisation jugée terroriste, qu'il ait ou non pris part aux combats. Bagdad a déjà condamné plus de 500 étrangers, hommes et femmes, ayant rejoint les rangs de Daesh. Aucun n'a été exécuté jusqu'à présent.
Djihadistes français embarrassants pour Paris
Les autorités françaises suivent de près le dossier. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré ce même sur la radio France Inter que Paris «multipli[ait] les démarches pour éviter la peine de mort». «La France est opposée, par principe, en tout temps et en tout lieu à la peine de mort [et l'ambassade de France en Irak] fait les démarches nécessaires auprès des autorités irakiennes pour leur rappeler cette position constante», avait déjà fait valoir la veille le Quai d'Orsay.
Mais, loin de demander leur rapatriement, Paris a également rappelé son attachement au fait que les djihadistes français soient jugés sur le lieu de leur détention. Une position très contestée par les familles et leurs avocats qui dénoncent une justice expéditive en Irak et réclament leur jugement en France.
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