«Je ne peux pas conseiller aux juifs de porter la kippa partout tout le temps en Allemagne», a déclaré le 25 mai Felix Klein, commissaire du gouvernement allemand en charge de l'antisémitisme, dans un entretien au groupe de presse régional Funke, ajoutant avoir à ce sujet «hélas changé d'avis par rapport à autrefois».
Felix Klein, dont le poste au gouvernement d'Angela Merkel a été créé début 2018, explique cette évolution par «la levée des inhibitions et un manque de considération qui augmentent dans la société».
L'internet et les médias sociaux y ont fortement contribué, mais aussi les attaques perpétuelles contre notre culture de la mémoire
«L'internet et les médias sociaux y ont fortement contribué, mais aussi les attaques perpétuelles contre notre culture de la mémoire», s'inquiète-t-il, proposant aussi de mieux former les forces de l'ordre parfois indécises sur la nature antisémite ou non des délits.
Le conseil central des juifs d'Allemagne a déjà plus d'une fois mis en garde contre le port de cette calotte. «Je dois déconseiller à des personnes seules de se montrer dans le centre des grandes villes d’Allemagne avec une kippa», avait déclaré à la radio RBB son président Josef Schuster il y a un an.
Un cas avait particulièrement choqué à Berlin l'an passé, quand un Israélien portant la kippa avait été frappé à coups de ceinture par un Syrien dans le quartier huppé de Prenzlauer Berg. La victime avait pu filmer une partie de la scène et l'avait postée sur internet.
Les pouvoirs politiques allemands se sont ouvertement inquiétés d'un antisémitisme importé par des migrants venus de pays hostiles à Israël, comme les Syriens, Irakiens ou Afghans arrivés en masse dans le pays en 2015 et 2016. Felix Klein estime que les délinquants originaires de ces pays sont avant tout des personnes qui vivent depuis assez longtemps en Allemagne. «Beaucoup regardent seulement des chaînes arabes qui transmettent une image funeste d'Israël et des juifs» selon lui.
Les dernières statistiques du ministère de l'Intérieur ont toutefois montré que les auteurs de délits à caractère antisémite étaient à une écrasante majorité (90%) issus des milieux de l'extrême droite.
Interrogé par le journal Handelsblatt, la ministre de Justice social-démocrate Katarina Barley a jugé l'augmentation des délits contre les juifs «honteuse pour notre pays», estimant néanmoins que police et justice étaient «vigilantes» dans leur lutte contre le phénomène.
L'Allemagne ne fait pas exception en Europe où, à l'instar de la France, les attaques contre les juifs se sont répandues. Les actes criminels à caractère antisémite ont ainsi augmenté de quelque 20% en Allemagne l'an passé, selon le ministère de l'Intérieur.
Dans un entretien avec l'AFP fin mars, le procureur général de Berlin Claudia Vanoni a également noté la résurgence d'un antisémitisme qui semble être «profondément enraciné» dans la société.
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