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Etats-Unis : la citoyenne russe accusée d'ingérence condamnée à 18 mois de prison

Arrêtée en juillet et accusée par la justice américaine d'être une «agente» d'un gouvernement étranger, Maria Boutina, citoyenne russe, a été condamnée ce 26 avril à 18 mois de prison. Elle sera expulsée vers la Russie sitôt sa peine purgée.

Accusée de promouvoir les intérêts de la Russie en ayant infiltré, par son engagement actif dans le milieu pro-armes et notamment au sein de la puissante National Rifle Association (NRA), des hauts cercles du pouvoir américain, notamment dans la frange conservatrice, la citoyenne russe Maria Boutina a été condamnée ce 26 avril à 18 mois d'emprisonnement aux Etats-Unis. 

Avant que le verdict ne soit rendu, la jeune femme a exprimé de profonds regrets et a demandé la clémence du tribunal. Elle avait en effet décidé de plaider coupable, une démarche susceptible en cas de condamnation d'alléger considérablement la peine, selon la procédure pénale américaine. Dans la foulée, Moscou a réagi à l'annonce du verdict en dénonçant des accusations «totalement inventées».

Agée de 29 ans, Maria Boutina a été arrêtée à Washington le 15 juillet dernier, à la veille de la rencontre à Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Militante pour le droit de porter une arme, la jeune femme est accusée de «conspiration» et de tentative d'influencer en secret des organisations américaines au profit de Moscou, «en tant qu'agent d'un responsable d'un gouvernement étranger». Les enquêteurs lui reprochaient en outre de s'être livrée à ces activités sans s'être enregistrée comme agent étranger auprès du département américain de la Justice, comme l'exige une loi datant de 1938, la Foreign Agent Registration Act (FARA). Cette loi visait alors la propagande nazie et a été réactivée dans le cadre de la campagne antirusse lancée après la victoire de Donald Trump en novembre 2016.

Inculpée pour «complot» en vue de «promouvoir les intérêts de la Russie» elle est la première personnalité russe dont la culpabilité a été reconnue par les enquêteurs chargés d'établir l'éventuelle existence d'une ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.

Une affaire montée en épingle par les médias selon son avocat

Interviewé par RT le 1er août dernier, son avocat Robert Driscoll relevait déjà le rôle délétère des médias qui la présentaient, selon lui, comme une espionne. «Maria est soupçonnée d’être un agent russe qui ne s’est pas enregistré auprès du procureur général. Globalement, cela veut dire qu’on ne l’a pas accusée d’espionnage. Si vous lisez les accusations à son encontre, il n’y a rien sur l’espionnage !», argumentait-il. «J’estime que c’est un crime qui concerne plus une faute d’enregistrement que l’espionnage. Les médias, et le gouvernement dans une certaine mesure, qualifient cela de crime d’espionnage», précisait-il encore.


De leur côté, les autorités russes s'étaient également émues de l'arrestation de cette ressortissante russe. «Cette malheureuse jeune femme, notre Boutina, est en prison», avait commenté le 11 décembre dernier Vladimir Poutine devant le Conseil présidentiel russe pour la société civile et les droits de l'homme, ajoutant : «Elle risque 15 ans de privation de liberté. Pour quelle raison ?». De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères avait jugé que le FBI semblait «obéir à un ordre politique».

De son côté, le FBI cité par le New York Times affirme que Maria Boutina, entrée sur le territoire américain en août 2016 avec un visa d'étudiante, aurait fait partie d'un «programme d'influence low cost» dirigé par un officiel russe, par ailleurs sous le coup de sanctions des Etats-Unis depuis avril 2018.

A la sortie du tribunal, l'avocat de Maria Boutina a maintenu sa ligne de défense, en arguant que les procureurs n'avaient pas établi que Maria Boutina était un agent du gouvernement.

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