Au moins 121 personnes ont été tuées en dix jours d'affrontements armés au sud de la capitale libyenne, où un statu quo paraît s'installer entre les forces du maréchal Khalifa Haftar et celles du Gouvernement d'union nationale (GNA).
Les violents combats qui opposent les deux camps depuis le 4 avril dans la banlieue sud de Tripoli ont également fait 561 blessés, selon un nouveau bilan de l'Organisation mondiale de Santé (OMS). L'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, a lancé il y a dix jours une offensive en vue de s'emparer de la capitale (nord-ouest), siège du GNA de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale.
Au sol, les deux camps continuent de proclamer des «avancées», mais sur le terrain, aucun des deux ne semble avoir pris l'avantage. Les combats ont repris ce 14 avril, sur les mêmes lignes de front, en particulier à Ain Zara et al-Swani, au sud de Tripoli.
Le bureau de l'OMS en Libye, qui ne précise pas le nombre de civils parmi les victimes, a par ailleurs condamné sur son compte Twitter «les attaques répétées contre le personnel soignant» et les ambulances dans les environs de Tripoli.
Deux ambulances ont été prises pour cibles le 13 avril, portant à huit le nombre de véhicules du personnel médical touchés depuis le début des combats. Dans un pays plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais des violences.
De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU a fait état de 13 500 personnes déplacées par les combats, dont 900 ont été hébergées dans des centres d'accueil.
Depuis l'intervention de l'OTAN, le pays plongé dans un chaos permanent
En proie au chaos politique et sécuritaire depuis l’intervention de l’OTAN en 2011, la Libye est encore loin de retrouver le chemin de l’unité et de la stabilité. En plus de la menace terroriste, le pays est le théâtre depuis 2014 d’une confrontation entre deux forces revendiquant le pouvoir, se traduisant désormais par des affrontements armés.
Le pays, de fait, se trouve divisé en deux. A l’ouest s'étend le pouvoir du gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj. Si cette entité politique, basée à Tripoli, est reconnue par la communauté internationale, elle parvient difficilement à imposer son autorité sur ses propres milices. Les violents affrontements impliquant certaines d’entre elles en septembre dernier, mettent en exergue les limites de son influence politique sur le terrain.
Face à elle, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du Parlement de Tobrouk, également reconnu par la communauté internationale. L’Armée nationale libyenne (ANL) qu'il dirige a étendu son contrôle sur l’ensemble de la Cyrénaïque (région orientale de la Libye), où se trouvent les plus grandes réserves de pétrole du pays.
A la faveur du ralliement de plusieurs tribus et d’officiers dont des ex-kadhafistes, le maréchal Haftar a multiplié les succès militaires et compte poursuivre son offensive vers l’ouest, afin de conquérir la capitale, Tripoli.