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Des milliers de Maliens manifestent contre le président Keïta et l'armée française

Des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé le départ du président malien, critiqué pour sa gestion du pays à la suite du massacre de Ogossagou. Les manifestants scandaient également des slogans hostiles à l'armée française.

«La France un Etat terroriste», «Barkhane et Minusma allez-vous en de chez nous», «IBK dégage» : de 30 000 à 50 000 personnes ont manifesté le 5 avril à Bamako à l'appel de chefs religieux musulmans, d'associations peules, de l'opposition et de la société civile pour dénoncer les violences dans le centre du Mali, et réclamer le départ du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit «IBK» et des unités de l'armée française. 

La semaine précédente, les associations peules avaient annoncé puis reporté à deux reprises une manifestation dans la capitale pour condamner le massacre le 23 mars de quelque 160 habitants du village peul d'Ogossagou par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons affirmant lutter contre les djihadistes.

«Ceux qui sont venus nous aider doivent le faire en toute franchise ou quitter le Mali», avait alors lancé l'imam Mahmoud Dicko, devenu de plus en plus critique du pouvoir du président «IBK». Avec cette sortie, l'imam visait surtout les troupes françaises qui interviennent au Mali depuis janvier 2013.

Après avoir participé à la prière du vendredi sur l'esplanade de la Bourse du travail, les manifestants ont rallié la place de l'Indépendance de la capitale malienne. Certains, dont des femmes voilées de noir, scandaient des slogans ou portaient des pancartes tels que «IBK dégage», réclamant le départ de la France, l'aide de la Russie ou encore l'application de la charia.

Les forces de l'ordre, qui encadraient jusque-là la manifestation, interdite par les autorités, l'ont dispersée au moyen de gaz lacrymogènes lorsque la foule s'est dirigée vers le domicile du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga en brûlant des pneus et lançant des pierres sur les policiers, selon un correspondant de l'AFP.

Au lendemain de tuerie d'Ogossagou, le gouvernement a prononcé le 24 mars la dissolution d'une association de chasseurs dogons, lui reprochant de s'être «écartée de ses objectifs initiaux» et a remplacé les principaux chefs d'état-major. La tuerie d'Ogossagou a fait au moins 157 morts, selon les autorités locales, mais la principale association peule du Mali, Tabital Pulaaku, a publié une liste nominative de plus de 170 tués.

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