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Rwanda : 25 ans après le génocide, la France toujours soupçonnée de complicités

Une campagne visant à dénoncer «les complicités françaises» dans le génocide au Rwanda en 1994, a été lancée le 4 avril par l’association Survie. En l'absence d'une déclassification des archives, le rôle joué par Paris à l'époque demeure controversé.

L’association Survie, qui affirme lutter contre «toutes les formes d'intervention néocoloniale en Afrique», publie ce 5 avril un rapport intitulé «Déni et non-dits: 25 ans de mensonges et de silences complices sur la France et le génocide des Tutsis du Rwanda».

La veille, l’association avait lancé à Paris une campagne intitulée «25 ans d'impunité», qui vise à dénoncer «les complicitésfrançaises», selon ses termes, dans le génocide au Rwanda de 1994. Ses membres, dont deux déguisés en facteurs, ont en outre déposé à Paris dans le hall du cabinet de conseil d'Hubert Védrine (l'ancien secrétaire général de la présidence française au moment du génocide) une fausse caisse d'armes, avant d'en être refoulés selon un journaliste de l'AFP. 

«Il est temps que les plus hautes autorités de l'Etat [français] reconnaissent [...] les soutiens diplomatiques, militaires et économiques apportés aux extrémistes hutus avant et pendant le génocide par les autorités civiles et militaires françaises», martèle l'association.

Dans son rapport, Survie réclame notamment la «déclassification et l'accès au public de tous les documents officiels concernant cette politique, y compris les archives de l'Elysée et les archives militaires». Elle préconise également de «faire cesser l'impunité dont jouissent les militaires français au cours des opérations militaires extérieures», de «supprimer le commandement des opérations spéciales (COS)», qualifié de «force discrétionnaire sous commandement de l'Elysée» et «qui a eu un rôle essentiel au Rwanda», accuse l'association. 

Un «groupe de chercheurs» constitué pour examiner les archives 

Dans le même temps, Emmanuel Macron doit dévoiler ce même 5 avril, à quelques jours du 25e anniversaire du déclenchement du génocide (perpétré par le régime extrémiste hutu entre le 7 avril et début juillet 1994), la composition d'un «groupe de chercheurs» chargé d'examiner les archives qui pourront l'être.

«Hubert Védrine a reconnu que la France avait livré des armes à l'armée rwandaise et aux extrémistes hutus après le début du génocide ; c'est vraiment un acte que Survie dénonce, et donc pour interpeller Hubert Védrine, on fait semblant de lui ramener une fausse caisse d'armes pour symboliser les dernières livraisons d'armes françaises», a déclaré sur place à l'AFP le chercheur François Graner. Survie prévoit de poursuivre sa campagne «jusqu'à cet été», avec notamment «un focus sur le rôle de l'opération» militaire à but humanitaire française Turquoise, (23 juin-21 août 1994).

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