Une foule gigantesque réclame à Alger, pour la 6e semaine consécutive, le départ du «système» au pouvoir, quelques jours après la proposition du chef d'état-major de l'armée d'écarter le président Abdelaziz Bouteflika.
Les Algériens ont afflué place Maurice Audin et le cortège s'est ébranlé en début d'après-midi. Chantant l'hymne national, armés de nombreuses pancartes, les manifestants ont prié le pouvoir en place et le président Bouteflika de «dégager».
Difficile à évaluer précisément en l'absence de chiffres officiels, la mobilisation apparaissait encore plus forte que celle de la semaine dernière, de l'ordre de dizaines de milliers de personnes, semblant indiquer que l'offre du chef de l'armée n'a pas réussi à apaiser la contestation.
La police a recours aux canons à eau et aux gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des policiers antiémeute ont formé un épais cordon pour empêcher les protestataires de remonter le boulevard Mohamed V, en direction de la présidence.
Le rassemblement populaire à Alger était aussi l'occasion de régler des comptes symboliques avec les dirigeants algériens dont la foule souhaite ardemment le départ. Installé dans la manifestation, un homme déguisé en juge a ainsi pris à partie des personnages masqués représentant différents ministres ou responsables algériens, tels Ali Haddad, président démissionnaire de la plus grande organisation patronale algérienne, Amar Ghoul, ancien ministre des travaux public ou encore Ahmed Ouyaha, ex-premier ministre.
Il a invectivé chacun d'entre eux : «Il n' y aura pas de pardon pour vous !» Il a lancé à l'homme grimé en ancien ministre des travaux publics : «Tu as vu l'état des autoroutes ?»
D'autres mobilisations se sont produites dans de nombreuses villes algériennes comme à Constantine, Médéa, Bouira, Tlemcen, Tizi Ouzou, Blida ou encore Bejaia, rassemblant des milliers de personnes.
Depuis l’officialisation de la candidature du chef de l'Etat algérien à l'élection présidentielle à la mi-février, les mouvements de protestation se sont multipliés en Algérie, contraignant Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, à renoncer. Cette décision n'a pas pour autant calmé les esprits car elle allait de pair avec un report de la présidentielle. L'idée d'une transition qui serait menée par le pouvoir en place est rejetée par une grande partie de la population algérienne. L'Algérie a donc massivement exprimé ce 29 mars son mécontentement envers le système en place.
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