Vendredi 29 mars
Le rejet, pour la troisième fois, du Traité de retrait de l'UE par les députés britanniques «accroît très fortement les risques d'une sortie sans accord», a réagi l'Elysée.
«Il appartient d’urgence au Royaume-Uni de présenter dans les tout prochains jours un plan alternatif (élections législatives, referendum, union douanière…). A défaut, et cela devient le plus probable, nous constaterons que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne sans accord», a souligné la présidence française
«Le nouveau traité de l'UE a été à juste titre rejeté pour la troisième fois. De nouvelles batailles semblent désormais inévitables. Nous ne nous décourageons pas et nous les combattrons une nouvelle fois», a réagi l'eurodéputé Nigel Farage, une des figures emblématiques de la campagne pro-Brexit en amont du référendum de 2016.
Partie de Sunderland dans le nord-est de l’Angleterre le 16 mars, la «March to leave» (marche pour sortir) est arrivée à Westminster, à Londres, devant le parlement, où sont rassemblés des manifestants pro-Brexit.
Une sortie du Royaume-Uni de l'UE sans accord le 12 avril «est désormais un scénario probable», a réagi une porte-parole de la Commission européenne après le troisième rejet par les députés britanniques du traité de retrait négocié par Theresa May, soulignant que l'UE y était «pleinement préparée». «Il appartiendra au Royaume-Uni d'indiquer la voie à suivre avant cette date», a-t-elle ajouté.
Le 12 avril est donc la nouvelle date butoir du Brexit, qui était initialement programmé le 29 mars.
La livre sterling baisse face au dollar et face à l'euro dans la foulée du rejet par les britanniques de l'accord de retrait négocié avec Bruxelles.
Vers 15h50, la devise britannique valait 1,2998 dollar contre 1,3044 dollar la veille à 22h00 et s'échangeait à 86,36 pence pour un euro, contre 86,03 pence la veille.
Par la voix de son porte-parole, la Commission européenne a fait part de ses regrets quant au rejet de l'accord sur le Brexit par les parlementaires britanniques.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a convoqué un sommet européen le 10 avril.
Les députés britanniques ont rejeté pour la troisième fois consécutive l'accord de sortie négocié avec l'Union européenne par 286 voix pour, et 344 contre. Les implications de ce vote sont «graves», a déclaré le Première ministre Theresa May, soulignant que le scénario par défaut était désormais un Brexit sans accord au 12 avril.
Selon des propos rapportés par l'agence de presse Reuters, avant l'issue du vote, Emmanuel Macron a fait savoir que si le parlement britannique n'approuvait pas l'accord d'ici le 12 avril, une date serait décidé en commun avec la Grande Bretagne pour un «no-deal», un Brexit dur.
«Le 12 avril, si les Britanniques n'ont pas donné leur accord à ce qu'on a signé, on ira vers une absence de "deal" et donc, à un moment donné, un Brexit dur», a déclaré le président français devant des élus des Hauts-de-France à l'Elysée.
«Ce scénario existe. Evidemment, on devra à ce moment-là décider des délais de mise en œuvre de ce scénario avec la partie britannique et donc on accélérera la phase finale de préparation», a-t-il ajouté.
«Je pense pouvoir dire que nous sommes, parmi les pays les plus directement concernés, celui qui est le plus prêt, sans aucun doute», a encore dit Emmanuel Macron.
Le Premier ministre Theresa May s'est exprimée devant les députés. «C'est la dernière occasion de garantir le Brexit», a-t-elle affirmé, assurant qu'«un nouveau délai pourrait détruire le Brexit». Adopter le texte permettrait d'«éviter une sortie brutale dans deux semaines, d'éviter les élections européennes, d'éviter un long report, qui retarderait ou annulerait le Brexit», leur a déclaré la dirigeante conservatrice.
«A tout ceux qui ont voté pour quitter l'UE ou dont les électeurs ont voté pour partir, s'ils votent contre le traité, sera posée la question "Pourquoi n'avez vous pas voté pour le Brexit ?"», a-t-elle encore lancé à l'attention des députés conservateurs opposés au texte.
Le chef du gouvernement britannique a également fait part de sa déception de ne pas avoir pu mener le Brexit à son terme en ce 29 mars, date initialement prévue : «Ne pas quitter l'Union européenne aujourd'hui alors que c'était la date prévue est un regret important pour moi.»
Sans surprise, Jeremy Corbyn, le chef de file des travaillistes a réaffirmé devant le parlement son opposition à l'accord de sortie négocié par Theresa Mays. Il s'est dit convaincu qu'un «meilleur accord [était] possible», arguant qu'il fallait revenir à la table des négociations avec l'Union européenne.
Liam Fox, secrétaire d'Etat au Commerce international, a lancé un avertissement aux députés ce 29 mars, pour les inciter à voter à voter l'accord sur le Brexit, qui représente selon lui la «dernière chance de voter pour le Brexit tel que nous l'avons compris aujourd'hui».
«C'est un moment historique pour notre pays. Il s’agit de savoir si le parlement fait ce que le parlement veut, ou si le parlement fait ce que le peuple veut. Et je crains les conséquences si le parlement choisit d’ignorer complètement une promesse qu’il a faite aux électeurs», a-t-il poursuivi.
Interrogé par la BBC sur les dangers que représenteraient pour la société civile le fait de ne pas mener à bien le Brexit, Liam Fox a déclaré qu'une telle éventualité mettrait en péril la «structure politique» du pays. «Je pense que cela ouvrirait un gouffre de méfiance entre les électeurs et le système politique actuel», a-t-il fait valoir.
L'ancien secrétaire d'Etat au Brexit Dominic Raab, qui avait démissionné de son poste en novembre 2018 pour exprimer son opposition au texte, a annoncé dans une série de messages sur Twitter qu'il avait l'intention de voter en faveur de l'accord.
«Je pense toujours que c'est un mauvais accord. Mais nous sommes potentiellement confrontés à une alternative encore pire qui pourrait annuler le Brexit et trahir notre démocratie. Nous devons faire preuve de réalisme», a-t-il déclaré pour expliquer sa décision.
«Brexit now !» (le Brexit maintenant!) : une manifestation pro-Brexit se tient devant le parlement à Londres pour demander à ce que le résultat du référendum de 2016 soit respecté.
Emmanuel Macron recevra le 2 avril le Premier ministre irlandais Leo Varadkar pour discuter de la crise du Brexit, a indiqué l'Elysée. Le chef de l'Etat français s'entretiendra avec Leo Varadkar «sur les enjeux et les conséquences du Brexit, notamment en Irlande», a précisé la présidence.
Une des discussions au centre du vote des députés britanniques ce 29 mars concerne les dispositions relatives au «backstop», ou «filet de sécurité», qui prévoient, en l'absence d'autre solution, le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE et un alignement plus poussé de Belfast sur les normes européennes, afin d'éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande.
D'après une information rapportée par un journaliste du Monde, la Commission européenne a confirmé que le vote sur le seul Traité de retrait serait suffisant pour que le Royaume-Uni quitte l'UE.
Contrairement aux deux précédents votes, le gouvernement britannique a décidé de ne présenter ce 29 mars qu'une partie de l'accord, le Traité de retrait – qui règle les questions de la frontière irlandaise, des droits des citoyens expatriés et la facture à régler par Londres – et d'en exclure la Déclaration politique sur la future relation avec l'UE.
A trois heures du vote, alors que le chaos règne au Parlement, c'est l'amertume qui domine dans la population, tant du côté des eurosceptiques, frustrés de ne pas voir leur pays quitter l'UE, que des europhiles qui voudraient voir le Royaume-Uni revenir sur sa décision.
«L'establishment avait promis que nous quitterions l'UE le 29 mars 2019 mais ils essaient maintenant de retarder le Brexit ou même de l'arrêter», fulminent les animateurs du mouvement eurosceptique «Leave Means Leave». Face à cette «élite» accusée de «trahir le Brexit», le mouvement rassemblera ses troupes devant le Parlement à partir de 16h00.
Dans l'autre camp, l'europhile maire de Londres, Sadiq Khan, a prévu de lancer un bus frappé du slogan «Nous sommes tous Londoniens» qui sillonnera la capitale pour informer les citoyens européens des procédures à effectuer pour rester au Royaume-Uni après le Brexit.
Avant le vote des députés britanniques, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a demandé à Emmanuel Macron, qui le reçoit à déjeuner avec d'autres élus de sa région, de ne «pas punir» le Royaume-Uni qui doit rester «un grand partenaire» de la France en dépit du Brexit.
«On serait stupides de ne pas établir une nouvelle relation gagnant-gagnant avec les Britanniques», a déclaré sur France Info l'ancien responsable des Républicains, qui a quitté ce parti fin 2017.
Les députés britanniques sont appelés à voter ce 29 mars sur l'accord de divorce avec l'Union européenne, dont l'adoption ouvrirait la voie à un Brexit le 22 mai. Poussée dans ses retranchements, le Premier ministre Theresa May a accepté de remettre sa démission en cas de vote en faveur de l'accord, afin de s'assurer le soutien des partisans d'un Brexit dur.
Le texte, conclu entre Londres et Bruxelles en novembre à l'issue de 17 mois de négociations fastidieuses, a déjà été massivement rejeté à la Chambre des communes à deux reprises, en janvier puis en mars. Le vote, prévu à 15h30, portera uniquement sur le Traité de retrait, et pas sur la Déclaration politique qui l'accompagne.
S'il venait à être rejeté, Londres aura jusqu'au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report. Une option qui impliquerait selon toutes vraisemblances la participation du Royaume-Uni aux élections européennes fin mai. En cas de refus, le Royaume-Uni se dirigerait vers une sortie sans accord, un Brexit dur.
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