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Istanbul : Erdogan veut que Sainte-Sophie redevienne une mosquée

L'ex-basilique devenue un musée deviendra-t-elle à nouveau une mosquée ? C'est le souhait qu'a exprimé le président turc en vue des élections municipales qui se tiendront à la fin du mois de mars.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué le 24 mars la possibilité de renommer l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, actuellement un musée, en «mosquée Sainte-Sophie» après les élections municipales du 31 mars. Interrogé à propos d'une possible gratuité du musée Sainte-Sophie lors d'une interview télévisée, le chef d'Etat a répondu : «Ce n'est pas impossible [...] Mais nous ne le ferons pas sous le nom de "musée" mais de "mosquée Sainte-Sophie"». Sa remarque a provoqué un «Oh !» de surprise chez la journaliste qui lui avait posé la question sur la chaîne TGRT Haber.

Œuvre architecturale majeure construite au sixième siècle à l'entrée du détroit du Bosphore et de la Corne d'or, la basilique Sainte-Sophie fait régulièrement l'objet de polémiques entre chrétiens et musulmans qui se disputent son utilisation.

Cette église, où étaient couronnés les empereurs byzantins, a été convertie en mosquée au 15e siècle après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. Sous le régime laïque de Mustafa Kemal Atatürk, elle a été désaffectée et transformée en musée afin, dit la loi, de «l'offrir à l'humanité».

«Les touristes vont et viennent à la Mosquée bleue, est-ce qu'ils paient quoi que ce soit ? [...] Eh bien nous ferons pareil à Sainte-Sophie», a ajouté le président Erdogan, en pleine campagne pour les élections municipales du 31 mars qui s'annoncent serrées dans plusieurs grandes villes, comme Ankara et Istanbul. Le statut de ce monument, aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'Unesco et visité par des millions de touristes chaque année, continue d'irriter les musulmans de Turquie les plus militants.

Depuis l'arrivée de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir en 2003, les activités liées à l'islam se sont multipliées à l'intérieur de Sainte-Sophie, avec notamment des séances de lecture de versets du Coran ou des prières collectives sur le parvis du monument.

La Grèce voisine, qui surveille de près le devenir du patrimoine byzantin en Turquie, a plusieurs fois exprimé sa préoccupation quant aux initiatives visant à remettre en question le statut de Sainte-Sophie. Le sujet a été à nouveau évoqué après l'attentat commis le 15 mars contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui a fait 50 morts. Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois mentionné en meeting le «manifeste» publié par l'auteur de l'attentat, dans lequel il déclarait notamment que la basilique Sainte-Sophie serait «libérée» de ses minarets. «Vous n'arriverez pas à faire d'Istanbul une Constantinople», avait ainsi réagi le chef de l'Etat turc le 25 mars.

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